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« Je sécurise mon système pastoral avec du foncier »

Fils de paysans passé d’ouvrier agricole dans les vignes à berger sans terre, Henri Jacquin a acheté 10 hectares en propriété pour sécuriser son activité.

<em class="placeholder">Henri Jacquin est éleveur de brebis.</em>
Henri Jacquin, jusqu'ici berger sans terre, a acheté 10 ha en propriété pour sécuriser son activité ovine.
© J.-B. Roubinet

Après dix ans en tant qu’ouvrier agricole dans les vignes du Minervois, Henri Jacquin est devenu berger itinérant en 2009. Aujourd’hui, il déplace son troupeau de 200 brebis de races rustiques et d’une trentaine de chèvres à travers les parcelles des vignerons, viticulteurs et propriétaires fonciers de trois communes.

En parallèle, il possède dix hectares de luzerne, sainfoin, sorgho fourrager et garrigue en propriété ainsi que 18 hectares sous bail Safer [société d'aménagement foncier et d'établissement rural]. « L’avantage que j’ai et qui rassure les vignerons ici, c’est que j’ai travaillé longtemps dans la vigne, que je connais le métier et que je n’y ferai pas de bêtise. » Le circuit de pâturage, désormais bien établi, permet d’avoir un bon impact sur la végétation. « Je fais également énormément de réouvertures de milieux. Je passe avec une débroussailleuse d’abord, et si la végétation est trop dense je passe avec le tracteur et un broyeur pour pouvoir installer la clôture. »

Au printemps, les agneaux à l’engraissement sont gardés sur les vignes et les luzernières qui ont repoussé car les garrigues ne sont pas assez riches. « Ma boucle de pâturage ne change pas sauf à l’hectare près selon la pousse de l’herbe, j’adapte le temps de pâturage et je dépasse sur les bordures plus ou moins explorées jusqu’alors », explique l’éleveur tout en conseillant de toujours prévoir des zones de repli au sein de la boucle de pâturage.

Entre itinérance et sécurisation du foncier

<em class="placeholder">Brebis dans les vignes.</em>
Henri Jacquin : « Si un vigneron veut se lancer dans le vitipastoralisme, il faut qu’il pense à l’accès à l’eau pour les brebis et à des terres en parallèle pour pouvoir faire pâturer en cas de pluie. Et en option, un logement au berger, serait la cerise sur le gâteau. » © J.-B. Roubinet
« Je suis à la fois berger sans terre, car je pâture principalement chez les autres, et en même temps, j’investis de plus en plus dans le foncier pour avoir des parcelles sûres et semer ce que je veux. Je suis équipé de plusieurs tracteurs et de ma caravane, et quand on n’a pas de foncier c’est compliqué. J’en avais assez de ne pas avoir de point de chute », explique l’éleveur dont la paternité a modifié la façon de travailler.

« Avant je faisais beaucoup plus de garde. Maintenant, avec les clôtures mobiles, c’est comme si j’avais engagé un salarié car cela me permet de profiter de ma famille. Le boulot reste le même, c’est du pâturage 100 % à l’herbe, mais de façon différente. La réouverture des garrigues se fait vraiment mieux, le troupeau met trois jours au lieu de dix. En parc, il a tout le temps pour se faufiler dans les buissons et explorer la totalité de la parcelle, et par ailleurs il enrichit le sol. »

Instaurer une confiance entre usagers

Henri, soucieux de partager son métier, notamment grâce à des interventions dans l’école du village, souligne « qu’acquérir du foncier permet de créer une exploitation et d’avoir un peu plus de poids face au reste du village car pour certains, faire pousser de l’herbe n’est pas un métier ».

<em class="placeholder">Brebis et chiens de protection dans les vignes.</em>
Henri Jacquin dispose de 10 chiens de protection pour garder ses 200 brebis et 30 chèvres. © J.-B. Roubinet
Parce que la sécurisation de la boucle de pâturage provient d’une communication accrue entre les usagers du territoire, une bonne entente avec les chasseurs, propriétaires, élus et vignerons est de rigueur. « Cela a été facile de mettre en place cette boucle car je connais bien les vignerons du coin. C’est une histoire de confiance mutuelle. Maintenant les vignerons m’appellent un an à l’avance pour savoir ce qu’ils peuvent semer pour le troupeau. Il faut communiquer, c’est essentiel. »

Des chèvres en vitipastoralisme

Les chèvres, plus gourmandes et exploratrices, sont utiles dans les zones plus enfrichées ou moins accessibles. En revanche, à cause de leur présence, Henri ne laisse jamais dormir son troupeau dans une vigne. « Les chèvres peuvent abîmer la vigne en jouant. Elles se font les cornes sur les coursons et cela fait sauter bourgeons de vigne, même en plein hiver. Mais lorsqu’on en a qu’un petit nombre ça va. Les brebis chaument et les chèvres se mettent dans un coin, donc on peut avoir les deux. »

Chiffres clés

200 brebis Tarasconnaises, Causse du Lot, Mourerous, Berrichon et Mérinos

30 chèvres viande

Une dizaine de bovins et équins

10 chiens de protection

7 chiens de conduite

400 hectares répartis en un tiers de vignes, un tiers de domaines privés, communaux, départementaux et 10 ha en propriété, 18 ha bail Safer et 18 ha bail privé

Conduite en parcs mobiles, 100 % à l’herbe (foin en période d’été produit sur l’exploitation)

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