Des nourrisseurs pour les agneaux à l’herbe
Pour les agneaux sous la mère élevés en extérieur, il est intéressant de leur apprendre à s’alimenter en concentrés avant la rentrée en bâtiment pour la finition.
Installer des nourrisseurs au pâturage pour les agneaux permet à l’éleveur de nombreux gains. Et l’agneau apprend à s’alimenter par lui-même en aliment solide et en concentré avant son sevrage et surtout avant qu’il ne soit au stade de finition. Cette pratique permet une transition alimentaire en douceur et a été présentée lors de la journée technique ovine à la ferme expérimentale de Carmejane, dans les Alpes-de-Haute-Provence, en avril dernier. L’expérience a en effet été menée sur le troupeau depuis 2015 : les deux premières années sur des lots puis, en 2017, au vu des bons résultats obtenus, sur le troupeau entier. En effet, les agneaux ayant appris à consommer du concentré alors qu’ils étaient encore sous la mère présentent globalement une très bonne conformation carcasse. Les 73 agneaux de l’expérimentation, abattus à 99 jours ont eu en moyenne un poids de carcasse de 17,7 kg pour un rendement carcasse de 49 %. La présence de nourrisseurs à l’herbe ont permis aux agneaux d’avoir un gain moyen quotidien (GMQ) de 254 grammes entre de leur naissance jusqu’à la fin du pâturage contre 337 grammes durant leur finition, jusqu’à l’abattage. Les agneaux ont eu accès à 23,1 kg de concentrés pendant les 73 jours qu’a duré l’essai. Le concentré était composé de 25 % de maïs concassé, de 25 % d’orge et de 50 % d’aliment enrichi à 30 % de protéines.
Un nourrisseur bien placé, entre eau et mère
Pour optimiser la mise en place des nourrisseurs pour les agneaux, il faut veiller à ce que l’accès soit réservé uniquement à ceux-ci. Pour cela, il est recommandé d’encercler le nourrisseur de barrières avec deux « passe-agneau ». Cela évite à l’agneau de se sentir piégé, surtout en cas de forte affluence et lui permet d’entrer et sortir facilement de l’enceinte. Si jamais l’agneau subit une peur, il rechignera à revenir ensuite au nourrisseur. Le nourrisseur doit être près de l’abreuvoir, cela favorise la consommation de concentré. Enfin, il doit être proche des zones de chôme, afin que l’agneau puisse aller s’alimenter sans trop s’éloigner de sa mère qui est alors au repos. Cependant, la mise en place des nourrisseurs doit être réfléchie pour que l’éleveur ne perde pas de temps lors des changements de parcelles. Il existe des nourrisseurs sur roues qui peuvent être remorqués par un tracteur. Néanmoins, l’éleveur devra remplir manuellement et régulièrement le nourrisseur.
Des agneaux mieux conformés après pâturage
Le « tout pâturage » avec la mise à disposition d’un nourrisseur pour les agneaux présente également des intérêts de bien-être animal ou d’agroécologie. Les agneaux qui grandissent à l’extérieur ont une croissance musculaire plus rapide que leurs congénères élevés en bergerie. En effet, l’agneau marche plus et la présence du nourrisseur l’incite d’autant plus à se déplacer. Le lien brebis-agneau s’avère plus fort également qu’en bergerie, la mère aura plus l’instinct de protéger son petit. L’état sanitaire des agneaux peut également être plus contrôlé, d’une part parce que pendant qu’ils sont au pâturage, les bâtiments peuvent être en vide sanitaire et d’autre part, ils sont moins confrontés à la prolifération des mouches, notamment en période estivale. L’accès à un espace large limite les cas de coccidiose, le parasite étant souvent très virulent en bergerie. Néanmoins, l’éleveur doit rester attentif au niveau des parasites gastro-intestinaux tels que les strongles. Il vaut mieux faire régulièrement des coprologies et administrer des vermifuges. Avec des nourrisseurs au pâturage, les agneaux sont plus facilement observables lorsqu’ils sont dans l’enceinte du nourrisseur. L’éleveur peut donc surveiller leur état de croissance et d’éventuelles traces de diarrhées ou de faiblesses.