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Des leviers pour réduire l’empreinte carbone en élevage ovin

L’atténuation des émissions de gaz à effet de serre et l’amélioration des performances environnementales d’une exploitation ovine résultent avant tout d’une approche globale et multifactorielle des pratiques zootechniques et agronomiques. Les premières observations du programme Green Sheep permettent de relever quelques-uns de ces leviers vertueux.

Afin de réduire de 12 % les émissions de gaz à effet de serre (GES) en production ovine, ainsi qu’est défini l’objectif quantitatif du programme Life Green Sheep, il est nécessaire au préalable de cibler les principaux postes d’émission. La fermentation entérique (donc le processus de digestion chez les ruminants) est la majeure source de GES autant en ovin allaitant (soit 53 % des émissions de GES) qu’en ovin lait (66 % des émissions de GES). En viande, viennent ensuite l’achat d’aliment (21 %) et la gestion des effluents (13 %). En lait, les postes suivants sont la gestion des effluents pour 12 %, la fertilisation azotée et l’achat d’aliment, tous deux responsables de 7 % des émissions de GES.

En élevage de ruminants, il apparaît donc que le levier principal pour limiter l’impact environnemental de son exploitation est d’augmenter la productivité par animal. En effet, les émissions de GES provoquées par la fermentation entérique ne sont pas forcément proportionnelles au niveau de production (voir graphiques).

Guillaume Metz est éleveur d'ovins viande en Haute-Vienne. Il optimise son parcellaire avec le pâturage tournant dynamique.
Guillaume Metz est éleveur d'ovins viande en Haute-Vienne. Il optimise son parcellaire avec le pâturage tournant dynamique. © B. Morel
Néanmoins chaque exploitation a ses spécificités et le travail de réflexion entre l’éleveur et le conseiller est primordial. Guillaume Metz, éleveur de brebis allaitantes en Haute-Vienne, a intégré le programme Life Green Sheep sous l’impulsion de sa coopérative. Sharon Marlaud, sa technicienne pour la coopérative Ecoovi : « Sur l’exploitation de Guillaume Metz, nous avons évalué à 51 kg de CO2/kg d’agneau produit l’empreinte carbone actuelle tandis que la simulation, avec l’application de tous les leviers identifiés, nous permettrait de descendre à 12 kg de CO2/kg d’agneau produit. L’objectif de productivité est d’arriver à 17 kg d’agneau par brebis ».

Trois pratiques vont être mises en place pour les prochaines années. « Le premier levier pour moi est d’augmenter la productivité du troupeau par le biais du pâturage tournant dynamique, avec davantage d’animaux qui pâturent tout au long de l’année, explique-t-il. Il va falloir également travailler sur l’augmentation de la fertilité, en faisant la chasse aux brebis improductives. Je dois modifier quelque peu mon calendrier de reproduction pour continuer à produire des agneaux toute l’année. Il me faut caler les périodes clés sur la pousse de l’herbe. »

Des haies multifonctions : bois énergie, stockage de carbone, fruits…

Sharon Marlaud, technicienne pour la coopérative Ecoovi, accompagne Guillaume Metz sur les changements à mettre en oeuvre sur son exploitation.
Sharon Marlaud, technicienne pour la coopérative Ecoovi, accompagne Guillaume Metz sur les changements à mettre en oeuvre sur son exploitation. © DR
L’éleveur et la technicienne se sont intéressés aux possibilités de stockage du carbone. « Il y a deux leviers d’actions : les prairies et les haies, énumère Guillaume Metz. L’implantation de prairies plus riches en légumineuses va me rapprocher de l’autosuffisance alimentaire du troupeau et j’ai pour objectif d’implanter un kilomètre de haies, celles-ci ayant une capacité de stockage de carbone deux fois plus élevée qu’une prairie. Je souhaite travailler sur des essences qui sont intéressantes pour le bois de chauffage et le broyage en plaquettes, tout en rendant la haie agréable pour l’éleveur et y incorporer quelques fruitiers. » Le dernier levier identifié sur l’exploitation de Haute-Vienne est l’incorporation de céréales, sous forme de méteil, dans l’assolement. « J’ai prévu un mélange dactyle, luzerne, trèfle violet pour derrière gagner en autonomie et avoir moins d’achats d’aliments à la fois pour mes agneaux mais surtout pour mes brebis », anticipe Guillaume Metz.

« Entre le gain des agneaux produits en plus et la diminution des achats d’aliments (maïs et complémentaire azoté), nous sommes sur une économie de 20 000 euros par an », estime Sharon Marlaud.

Choisir des animaux plus performants

La production laitière n’est pas en reste dans le programme Life Green Sheep et les points d’amélioration des performances environnementales sont multiples. Laurent Reversat, éleveur de brebis laitières sur le plateau du Larzac en Aveyron, conduit son exploitation selon les principes d’agroécologie et souhaite aller plus loin avec le diagnostic Cap’2ER.

Laurent Reversat est éleveur de brebis laitières en Aveyron. Il souhaite améliorer la productivité de son troupeau et de ses sols.
Laurent Reversat est éleveur de brebis laitières en Aveyron. Il souhaite améliorer la productivité de son troupeau et de ses sols. © B. Morel
« Nous sommes sur une approche environnementale qui est de toute façon systémique et globale de la ferme et les leviers sont intimement liés, détaille l’éleveur aveyronnais. Nous en avons défini trois qui vont permettre d’améliorer l’empreinte environnementale du troupeau : tout d’abord, il me faut optimiser les performances du troupeau et pour cela améliorer la productivité des brebis. Mettre davantage d’animaux à la reproduction va permettre de choisir mieux et plus finement les animaux que l’on va garder à la traite s’il n’y a pas d’accident. » Ainsi, les brebis seront plus productives, plus en santé, en bref le troupeau sera composé d’animaux d’un niveau supérieur. Cela permettrait de diminuer de 19 % les émissions de GES.

Revoir son assolement en fonction des besoins du troupeau

« La meilleure valorisation des effluents d’élevage, qui représentent le deuxième poste d’émission de GES en brebis laitières, va permettre de réduire ces dernières. Le fumier va être ensemencé par des micro-organismes efficients (voir page 20) et va être bâché une fois sorti du bâtiment. Cela évite le lessivage et l’évaporation des matières qui sont des fertilisants quand ils sont dans les sols mais qui polluent dès lors qu’ils se retrouvent dans les airs ou dans la terre », développe Laurent Reversat. L’intérêt de cette pratique est également sanitaire, avec un moindre développement de pathogènes dans la litière et le développement d’une flore positive, qui ne causera pas de problème ni pour l’animal, ni pour le lait. Cette pratique devrait diminuer de 3,6 % les émissions de GES. « L’investissement est plutôt réduit, avec un gain qui peut être très rapide, notamment sur des pénalités sur la qualité du lait que nous n’aurons pas et sur des pertes au niveau des agneaux, morbidité ou mortalité que l’on peut éviter », reprend l’éleveur laitier.

Le troisième et dernier levier est celui de l’autonomie alimentaire du troupeau. « Cela va permettre de diminuer de 5 % les émissions de GES. Avec un fumier de meilleure qualité, nous allons viser un meilleur rendement des surfaces en céréales ou en fourrage. C’est cette gestion-là, avec un assolement et une rotation qui sont vraiment en lien avec les besoins du troupeau, qui remet en adéquation les différents ateliers de l’exploitation, entre la sole agraire et les besoins zootechniques », conclut Laurent Reversat.

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