Des brebis limousines pour produire des F1
Dans le Puy-de-Dôme, sur une base de brebis limousines inscrites et indexées, le Gaec de l’Édredon produit des F1 destinées à des éleveurs travaillant en double étage.
À Redon-Bas, sur la commune de Romagnat (Puy-de-Dôme), il y a belle lurette que l’on élève des limousines. Jusqu’en 2014, l’Inra occupait les lieux avant de céder le fermage à l’un de ses agents. C’est ainsi que Yoan Thomas s’est installé sur les 80 hectares de l’exploitation avant de constituer, en 2019, un Gaec avec Chloé Béraud. Il exploite, en plus, 70 ha sur la commune voisine de Saint-Genès-Champanelle. Le cheptel est passé de 340 à 674 brebis, toutes inscrites et indexées. Le travail de sélection porte sur la productivité numérique, qui se situe autour de 1,4 à 1,5 agneau par an et par brebis, en passant par la prolificité (195 % pour les agnelages d’avril contre 160 % en désaisonné) et la valeur laitière. Entre 21 et 40 jours, tous les agneaux sont pesés. Le poids moyen est de 5 kg pour les simples (4 kg pour les doubles) avec un record à 8,5 kg pour une femelle croisée Île-de-France.
D’emblée, Yoan Thomas a opté pour diversifier son activité par le croisement de 60 % de son cheptel. Les brebis (hors primipares) disposant d’un moindre niveau génétique y sont consacrées. L’exploitation dispose de trois béliers suffolk. L’éleveur constate que la limousine se croise bien avec cette race, en revanche l’Île-de-France désaisonne mieux. Du coup, « un Île-de-France est ajouté pour la lutte de juin », explique l’éleveur en précisant qu’à cette période, 140 à 150 brebis sont confiées à ces quatre mâles sélectionnés et accompagnés d’un bélier limousin. Le Gaec de l’Édredon dispose de 15 béliers dont 11 limousins. Après l’agnelage, reste à deviner l’origine Île-de-France, suffolk, ou limousine des agneaux. Le chignon ou la présence de noir sert d’indice.
Pour la lutte de novembre, ce sont près de 300 brebis, dont 160 en croisement, qui sont mises à la saillie. Avec, pour conséquence, une période d’agnelage de 25 jours particulièrement intenses, notamment les 10 jours du milieu qui imposent à Chloé et Yoann de se relayer toutes les trois heures, jour et nuit. Pour réduire les périodes d’agnelages, des béliers ravas vasectomisés sont utilisés pour déclencher les chaleurs et les synchroniser.
Chaque année, une centaine de femelles F1 ainsi produites sont vendues (140 € pièce à 4 mois) à deux éleveurs du Puy-de-Dôme travaillant en double étage. Pour ces derniers, la rentrée des agnelles induit une sortie de trésorerie, mais leur épargne la constitution de lots pour l’élevage des jeunes tout en leur apportant des brebis calmes, rustiques, capables de bien valoriser les terrains pauvres et de désaisonner. « En croisement terminal avec des béliers rouge de l’Ouest ou charollais, elles donnent des agneaux bien charnus et mieux conformés pour la boucherie, classés U contre O ou R pour les limousins purs. Ils gagnent en vitesse de croissance et en indice de conformation », remarque Yoan Thomas. En revanche, l’intégralité de la production de ces F1 part pour la boucherie y compris les femelles, pas assez maternelles. Au niveau du Gaec de l’Édredon, les mâles et les autres agnelles F1 partent pour la boucherie.
Par ailleurs, président de la section limousine à Races Ovines des Massifs Sélection, Yoan Thomas précise que les deux tiers des sélectionneurs de sa race croisent leurs brebis notamment pour des éleveurs de Corrèze et Haute-Vienne. « On en vendrait plus », avoue-t-il en évoquant des cours qui ont atteint les 8 euros du kilo en label et qui incitent davantage à vendre les F1 pour la boucherie. La race compte 30 000 têtes dont 9 000 brebis inscrites pour 29 sélectionneurs. L’autre frein, repose sur la nécessité d’une surveillance accrue à l’agnelage.
Le Gaec enregistre environ 880 naissances par an avec un taux de mortalité de 8 %. En race pure, c’est un bélier par lot de 40 à 45 brebis (25 à 30 en juin). 30 à 80 femelles limousines partent pour l’élevage (140 € à 4 mois + 5 €/mois supplémentaire), 120 sont gardées pour renouveler le cheptel. Une centaine de F1 part pour le double étage et le reste en boucherie au même titre que les mâles. Seuls sept à huit agneaux d’élite de race pure sont achetés par ROM Sélection pour testage en station avant d’être remis en vente en priorité aux sélectionneurs limousin.