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Bien implanter sa luzerne pour l’alimentation des ovins

La luzerne est une ressource fourragère avec de nombreux avantages, il faut cependant bien maîtriser l’itinéraire technique pour réussir son implantation.

« La luzerne est une excellente tête de rotation qui va restructurer le sol et apporter de l’azote », rappelle Patrice Pierre, de l’Institut de l’Élevage. Son bon rendement, entre 1,8 et 2,4 tonnes de protéine produite par hectare, participe à la sécurisation du système fourrager et constitue souvent la première marche vers l’autonomie protéique de l’exploitation. Dans notre situation de changement climatique, elle montre des caractéristiques intéressantes.

Résistante au chaud, sensible au froid et à l’excès d’eau

En effet, la fameuse légumineuse est connue pour sa résistance à la sécheresse et à la chaleur. La fixation de l’azote continue jusqu’à 30 °C et la luzerne n’arrête sa croissance qu’autour de 40 °C. En revanche, Medicago (nom latin de la luzerne) est sensible au froid. Sa croissance s’arrête dès que le thermomètre affiche 10 °C ou moins et selon le type de luzerne implanté, sa destruction aura lieu dès l’apparition de températures négatives.

Si les types Flamands, les plus résistants, peuvent tenir jusqu’à -20 °C, les types Provence, eux, n’iront pas au-delà des -10 °C. La luzerne va également être sensible à l’excès d’eau en hiver d’où l’importance du choix des parcelles où l’implanter.

Des variations de rendement et de MAT entre les variétés

Plusieurs critères sont à prendre en compte dans le choix de la variété de luzerne. Sur le site www.herb-book.org, on retrouve toutes les variétés de luzerne et leurs caractéristiques. « Selon les variétés, on va avoir des variations de rendement comprises entre 6 et 9 % sur la production totale annuelle. De même, la teneur en matière azotée totale (MAT) peut varier de 6 à 8 % entre les variétés », souligne Patrice Pierre. Il faut également tenir compte de la résistance à la verse car, le cas échéant, cela va se traduire par une perte de feuilles et donc de valeur alimentaire. Enfin, la finesse des tiges va jouer sur l’appétence et donc la consommation du fourrage par les animaux. Sans compter que plus les tiges sont épaisses, plus le risque de perçage des bâches d’enrubannage augmente.

« Il faut savoir qu’à l’exception des sols hydromorphes, la luzerne va s’adapter à la grande majorité des sols, y compris les acides. À partir du moment où la parcelle est saine, on va pouvoir semer de la luzerne », poursuit Patrice Pierre. En cas d’acidité des sols, il y aura un entretien à faire, avec un chaulage. « L’autre précaution à prendre, c’est lors de l’inoculation à l’installation. On a besoin d’un rhizobium pour que la fixation symbiotique fonctionne à l’optimum. Il faut compter environ 30 euros par hectare pour l’inoculation et cela permet de sécuriser la mise en place des nodosités », prévient l’expert fourrager. Cette opération n’est plus nécessaire si les parcelles reçoivent régulièrement de la luzerne.

Avant le semis, le sol doit être préparé. Si le labour n’est pas obligatoire, il faut cependant que la terre soit fine et émiettée sur les 5-7 premiers centimètres, pour permettre aux toutes petites graines, qui ont peu de réserve, de se développer avec un bon contact sol-graine. On va utiliser un semoir à céréales avec une vitesse d’avancement comprise en 3 et 4 km/h afin de garantir la meilleure régularité possible du semis, en surface (maximum 1 centimètre de profondeur). « Je préconise de passer au rouleau avant le semis afin de tasser la terre et ainsi bien laisser la graine en surface. Après semis, il faut encore passer au rouleur pour « bétonner » la luzerne et assurer des levées régulières ensuite », précise Patrice Pierre.

D’après le webinaire Inn’ovin « La luzerne sous toutes ses formes : de l’implantation à l’utilisation »

Le saviez-vous ?

Le semis d’automne gagne à être réalisé entre le 15 et la fin août, afin d’éviter les jours caniculaires de septembre qui risqueraient de pénaliser la jeune luzerne qui vient de germer. Le semis de printemps, le plus courant, va être réalisé entre mi-mars et mi-avril, généralement sous couvert d’une céréale de printemps.

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