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Au pâturage, les vaches apportent beaucoup aux brebis

Le pâturage mixte entre bovins et ovins semble être une pratique très positive pour les moutons qui grandissent mieux avec moins de parasites.

En mélangeant bovins et ovins au pâturage, ces derniers présentent des GMQ plus intéressants et des infestations parasitaires beaucoup moins importantes que dans un troupeau monospécifique. © F. Joly
En mélangeant bovins et ovins au pâturage, ces derniers présentent des GMQ plus intéressants et des infestations parasitaires beaucoup moins importantes que dans un troupeau monospécifique.
© F. Joly

La littérature scientifique fait état de plusieurs études sur le pâturage mixte qui pointent le même constat : la mixité est profitable pour les ovins. Les bovins, eux, n’affichent aucun changement de comportement de croissance en pâturage mixte ou spécifique. Deux leviers peuvent expliquer les meilleures croissances observées chez les ovins dans ces circonstances la diminution de la pression parasitaire et la complémentarité dans la gestion de la ressource herbagère. En effet, pour cette dernière, les bovins ayant moins tendance à trier que les ovins, ils broutent de façon homogène la végétation d’une prairie, laissant les jeunes pousses vertes et riches au ras du sol disponibles pour les ovins. Le projet MeMiPat conduit par l’Inrae de Clermont-Ferrand a pour objectif de quantifier le gain de croissance des ovins en pâturage mixte. Il doit également évaluer dans quelles mesures les leviers parasitisme et complémentarité du pâturage influent sur cette croissance.

Évaluer la qualité de l’herbe et le parasitisme

Conduite sur deux ans et toujours en cours, l’expérimentation porte sur trois types de troupeaux : un témoin spécifiquement ovin, deux mixtes avec des ratios ovins-bovins différents (moitié-moitié et 20 % d’UGB ovine - 80 % d’UGB bovin). Ces troupeaux sont répliqués deux fois pour prétendre à une bonne représentativité. Les troupeaux pâturent sur trois parcelles similaires de prairies permanentes fertilisées, de 2,7 ha chacune sur les hauteurs du Puy-de-Dôme entre mi-mai et fin octobre. Après l’étude des résultats de la campagne 2019, l’équipe de recherche n’a pas pu mettre en avant une différence flagrante dans la qualité d’herbe consommée entre les trois troupeaux, contrairement à la partie sur le parasitisme, qui présente d’intéressants résultats. « Le GMQ des agnelles était quasiment deux fois meilleur dans les troupeaux mixtes que dans le troupeau spécifique ovin, s’enthousiasme Frédéric Joly, chargé de recherches à Inrae. L’infestation en strongles était vraiment plus faible dans les troupeaux mixtes ».

Avec la sécheresse, les ovins en mixte sont plus résilients

Le niveau de pression parasitaire, évalué par coprologie, est néanmoins à prendre avec précaution puisque 2019 a été une année très sèche, défavorisant l’implantation des parasites et le maintien des larves. Quel que soit le troupeau, les brebis n’ont pas eu besoin de recevoir un traitement antiparasitaire. « Malgré le biais de la sécheresse, le résultat est quand même intéressant, insiste Frédéric Joly. On peut dire, d’après ceux-ci, que la mixité au pâturage fait baisser la pression parasitaire et permet aux ovins d’avoir une meilleure efficacité alimentaire car des animaux peu infestés ont des besoins énergétiques moindres. Cela améliore donc leur résilience et leur résistance face au manque de fourrage, comme cela a été le cas l’été dernier. » Cette étude s’inscrit dans une volonté plus large de trouver des alternatives agroécologiques aux traitements antiparasitaires car des résistances commencent à apparaître chez les strongles.

La facilitation au pâturage varie selon la prairie

Dans le projet MeMiPat, les trois types de troupeaux testés ont pâturé sur des prairies naturelles fertilisées. Or cette fertilisation influence beaucoup la composition floristique de la prairie. Comme le rappelle Frédéric Joly, « avec la fertilisation, les graminées vont prendre le dessus et il n’y aura que peu de légumineuses. » Cela peut donc jouer sur la complémentarité entre le pâturage des bovins et des ovins, tout comme le climat et le type de sol. « Il serait intéressant de reproduire l’essai dans une zone plus méditerranéenne », envisage le chercheur.

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