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Œuf : les ovoproduits d’Argentine redoublent leur présence sur le marché européen

La baisse du tarif douanier européen dans le cadre d’une ratification de l’accord de libre-échange UE-Mercosur renforcerait la place des poudres d’œuf argentines sur le marché spot européen. Leur atout réside dans l’accès des industriels à des grains à prix cassés.

Champ de soja dans la province argentine d’Entre Ríos
Champ de soja dans la province argentine d’Entre Ríos, bastion de la filière avicole.
© Marc-Henry André

En 2024, les exportations argentines totales de poudres d’œuf entier ont atteint 2,65 millions de tonnes (Mt) pour une valeur de 18,53 millions de dollars (M$), en forte hausse par rapport aux 1,91 Mt de 2023 pour une valeur de 16,95 M$, selon l’institut argentin de statistiques (Indec). Les volumes expédiés vers l’UE ont doublé entre 2022 et 2024.

 Exportations argentines de poudre d’œuf entier vers l’UE (nomenclature douanière : 040891 00) Exportations argentines de jaune d’œuf vers l’UE (Nomenclature douanière : 04081100)
2022 2 844 140 €458 030 €
20233 437 240 €374 620 €
20245 658 755 €8 333 € (une seule tonne)

L'Argentine en quête de marchés rémunérateurs pour ses ovoproduits

La société argentine Tecnovo exporte ses poudres d’œuf en Europe. C’est la seule, avec Ovobrand, à le faire. Leur avantage concurrentiel réside dans leur accès à du soja et du maïs à prix cassé par le biais d’une taxe locale prélevée sur les exportations de grains, laquelle pèse sur leur cours local. « Le marché européen est très volatile », renseigne aux Marchés le D-G. de Tecnovo, Héctor Eberle. 

Lire aussi : L’Italie, plaque tournante des œufs ukrainiens

« On se défend sur le marché spot quand un épisode de grippe aviaire en Europe créé un appel d’air pour nos produits. Mais la taxe européenne d’importation, en temps normal, nous met hors circuit. Alors, nous recherchons des marchés davantage rémunérateurs, hors du marché spot » 

« On se défend sur le marché spot quand un épisode de grippe aviaire en Europe créé un appel d’air pour nos produits » 

Aussi, « nous nous sommes spécialisés dans trois types de produit améliorés : le blanc d’œuf en poudre à haut pouvoir de battage ; du blanc à fort pouvoir de gélification, et de la poudre de jaune pour pouvoir élaborer de la mayonnaise même quand il fait très froid en Russie ou très chaud dans les Caraïbes… », renseigne Héctor Eberle. « On prend soin de la protéine », résume-t-il. 

« Nous exportons vers 35 pays dont le Japon, la Russie, la Jordanie… et les grands pays de l’UE… »

L’an dernier, Tecnovo a transformé trois millions d’œufs par jour en moyenne, selon le média argentin Cátedra avícola. Et la moitié des produits finis a été destinée à l’export. « Nous exportons vers 35 pays dont le Japon, la Russie, la Jordanie… et les grands pays de l’UE… », informe l’industriel argentin.

Les volumes de poudres d’œuf argentines expédiés vers l’UE ont doublé entre 2022 et 2024

Héctor Eberle est éleveur de poules pondeuses comme tous les membres fondateurs de cette PME forte de son succès située à Crespo, dans la province d’Entre Ríos, collée à l’Uruguay, qui est le bastion du secteur avicole argentin : la moitié de la production nationale d’œuf et de poulet en provient ! 

«nos envois vers l’Europe ont pris de l’ampleur »

« Tecnovo est né en 1993 » , raconte-il. « En 1998, on a ouvert une deuxième ligne de d’ovoproduits liquides et en poudre. Puis, en 2005, on a construit une deuxième usine, certifiée FSC 22 000. Avec désormais trois lignes de production, nos envois vers l’Europe ont pris de l’ampleur », résume Héctor Eberle. 

Des droits de douane levés en cas de crise sanitaire

Il revient sur la taxe d’importation : « Mon client importateur européen doit s’affranchir de droits de douane à hauteur de 1,34 € par kilo valeur CIF (rendu au port), dit-il. Pour les poudres de blanc, c’est la moitié de ce tarif », précise-t-il. « Les ovoproduits argentins cessent d’être concurrentiels en Europe lorsque le marché est stable, en dehors des crises sanitaires », dit-il. « Dans ces cas-là, l’UE ouvre des petits volumes d’importation détaxés », renseigne-t-il.

« Les ovoproduits argentins cessent d’être concurrentiels en Europe lorsque le marché est stable, en dehors des crises sanitaires »

Des échanges d'ovoproduits dans les deux sens

Du côté de l’Amérique du Sud, les industriels européens ne sont pas en reste. « L’Italie et le Danemark écoulent leurs surplus de poudres au Chili, en Équateur, en Colombie… Pas de façon continue, mais ils sont agressifs », assure M. Eberle.

« Les Brésiliens aussi sont agressifs à l’export, mais pour l’heure, le statut sanitaire du Brésil leur tient la bride. Cela peut vite changer », avertit-il. « La ratification de l’accord de libre-échange UE-Mercosur favoriserait nos activités à l’export, mais le détail de cet accord reste une inconnue », reconnaît-il.

Lire aussi : Les prix des œufs américains dépassent 1000 €/100 kg

Un atout concurrentiel pour la production d’œufs : des grains à prix cassés

Seulement 2% de la production argentine de poudres s’exporte, ce qui laisse une grosse marge de manœuvre à une filière qui assoit sa compétitivité sur son accès à des grains à prix cassés par l’effet de la taxe sur les exportations de soja et de maïs.

Du soja bien plus avantageux qu'en Europe

Un atout maître des fabricants de poudres d’œuf basés en Argentine est le coût local des grains de soja et de maïs. Sa valeur référence est en effet amputée par l’existence d’une taxe à l’export de 33% pour les fèves de soja et de 20% sur le maïs grain. Le niveau de celles-ci a été rabaissé fin janvier mais reste élevé.

En Argentine, ces grains valent leur prix FOB décompté de cette taxe qu’ils soient exportés ou non. La tonne de fèves de soja se négocie ainsi sur place autour de 240 €, et celle de maïs grains autour de 170 €/t, au 22 janvier, selon Bourse du commerce de Rosario. 

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