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Mieux diagnostiquer l’ascaridiose chez le porc en engraissement

Un nouveau test sérologique réalisé en fin de post-sevrage complète le dispositif de dépistage du parasite intestinal Ascaris suum chez le porc en engraissement, dont l’infestation est souvent sous-estimée.

Les pertes de production associées à une ascaridiose peuvent aller jusqu’à 10 euros par porc en engraissement (1). Cette maladie parasitaire est due à la présence d’Ascaris suum, un gros vert rond qui se loge dans l’intestin grêle et qui se nourrit de l’aliment ingéré. « Son incidence économique est en réalité très variable et difficile à évaluer car aux effets directs d’une infestation qui peut aller jusqu’à la mort de l’animal s’ajoutent des effets indirects qui impactent les performances, a souligné Peter Geldhof, chef du laboratoire de parasitologie de l’université de Gand lors d’un symposium organisé par le laboratoire Elanco. À l’origine de taches blanches sur le foie observables à l’abattoir et pouvant entraîner des saisies, ce parasite réduit l’absorption intestinale et peut détériorer le GMQ et l’IC jusqu’à 0,46 point. En provoquant des lésions pulmonaires, il augmente le risque de problèmes respiratoires (toux, infections secondaires bactériennes). Il peut aussi altérer la réponse immunitaire à la suite d’une vaccination, notamment contre Mycoplasma hypopneumoniae» De fait, il induit également une hausse des dépenses de santé.

De nouveaux outils de diagnostic par sérologie

Pour autant, l’ascaridiose est souvent sous-estimée en élevage car elle est difficile à détecter du fait des particularités du cycle biologique du parasite (voir encadré). L’observation à l’autopsie ou à l’abattoir de foies avec des taches blanches (dites taches de lait) témoigne d’une infestation durant les quatre à cinq dernières semaines d’engraissement. « Mais cet indicateur ne permet pas de la quantifier ni de déceler une éventuelle infestation durant une phase plus précoce d’engraissement. » En effet, le foie cicatrise et les taches disparaissent en quelques semaines. En 2013, l’université de Gand a développé le test de sérologie Serasca Test engraissement pour mesurer l’importance de l’infestation. Réalisé à partir d’une analyse de sang sur 10 porcs en fin d’engraissement, il mesure la quantité d’anticorps produits contre une protéine d’hémoglobine du parasite adulte. « Lorsque le taux moyen des 10 sérologies individuelles dépasse un seuil de 0,5, l’infestation est considérée comme élevée. » Disponible depuis fin 2018, un deuxième type de test par sérologie complète le dispositif de dépistage et cible la fin du post-sevrage. « Serasca test post-sevrage permet de détecter plus précocement une infestation à faible charge et d’ajuster si besoin le protocole de vermifugation des porcs mais aussi des truies, pour diminuer le risque de contamination des porcelets en maternité. » Une récente étude menée par l’université de Gand a en effet montré que les porcelets pouvaient être exposés à Ascaris dès la phase du post-sevrage. Deux tiers des 68 élevages enquêtés dans la région des Flandres belges avaient un résultat positif au test Serasca, indiquant une probable contamination par des œufs dans les cases de post-sevrage, voire dès la maternité.

Une lutte basée sur un cycle de 42 jours

Pour Peter Geldhof, « la sérologie représente aussi un bon outil de monitoring, par exemple pour contrôler l’efficacité d’un programme de vermifugation. » Pour les porcs en engraissement, le chercheur recommande de réaliser un traitement toutes les 5-6 semaines (à 10 semaines d’âge, 16, 22…), en plus du vermifuge dans l’aliment 1er âge à quatre semaines. Cela permet de tenir compte de la période prépatente d’Ascaris, c’est-à-dire le pas de temps au bout duquel les larves deviennent adultes et pondent à leur tour (42 jours). En théorie, ce programme devrait être étendu aux reproducteurs. En l’absence de traitement sous-cutané à l’ivermectine, Elanco recommande de vermifuger les truies à chaque cycle, sept jours avant l’entrée en maternité, et les cochettes à leur arrivée en quarantaine ainsi que sept jours avant l’entrée en verraterie. Le laboratoire rappelle que les désinfectants ordinaires ne permettent pas d’éliminer les œufs d’Ascaris ce qui rend l’infestation très difficile à éliminer une fois en place.

(1) Selon Hale et al (1985). Calculs établis sur la base d’un coût alimentaire de 260  uros par tonne d’aliment et d’une dégradation de l’IC de 0,46.

Un cycle biologique particulier

Il est important de bien comprendre le cycle de reproduction du ver Ascaris pour bien réussir la lutte contre l’ascaridiose. À J0, l’animal ingère des œufs d’Ascaris présents dans l’environnement qui éclosent en larves dans l’intestin grêle. À J3, les larves migrent jusqu’au foie, ce qui crée des lésions hépatiques sous forme de taches blanches. À J7, les larves évoluent vers l’appareil pulmonaire puis remontent par la trachée. Elles sont expectorées puis dégluties pour atteindre de nouveau l’intestin grêle à J10. Au bout de quelques semaines, à J42, la larve devient un ver adulte infectant capable de se reproduire. Les adultes femelles pondent des œufs, jusqu’à 200 000 par jour qui, à leur tour, vont migrer vers le foie. « Les œufs se retrouvent dans les déjections et donc dans l’environnement. Les œufs sont par la suite ingérés par un porc et le cycle recommence », explique Thomas Gin, vétérinaire d’Elanco. Le cycle biologique du ver est ainsi d’environ six semaines (période pré-patente). « Ce cycle complet n’est toutefois pas systématique et concerne uniquement un tiers des porcs contaminés par Ascaris », précise le chercheur Peter Geldhof. « Pour les deux tiers restants, les larves sont présentes dans le foie et les poumons mais ne sont pas expulsées dans l’intestin pour atteindre leur maturité sexuelle. » Même à ce stade larvaire L3, ces larves ont tout de même un impact négatif sur les performances de croissance. C’est pourquoi la part des porcs porteurs d’Ascaris est souvent sous-estimée.

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