« Agriculteurs et industriels ne sont pas ennemis. Il y a une interdépendance de nos intérêts ». Jean-Philippe André, président de l’Ania
Jean-Philippe André, président de l’Ania a affirmé le soutien de l’agroalimentaire au monde agricole. Il réclame l’application d’Egalim et revient sur des négociations commerciales sous forte tension.
Jean-Philippe André, président de l’Ania a affirmé le soutien de l’agroalimentaire au monde agricole. Il réclame l’application d’Egalim et revient sur des négociations commerciales sous forte tension.
« Nous ne sommes pas des paysans. C’est-à-dire que nous ne sommes pas comme tous ces pseudos experts qui viennent dans les médias parler de la crise agricole alors qu’ils n’y connaissent rien. Agriculteurs et industriels ne sont pas ennemis. Il y a une interdépendance de nos intérêts et une vraie communauté de combats. »
Le 31 janvier 2024 , Jean-Philippe André, président de l’Association nationale des industries alimentaires (ANIA) a affiché une solidarité avec le monde agricole en colère. Les vœux du syndicat se sont tenus à Paris à quelques heures de la fin officielle des négociations commerciales. Revenant sur la crise agricole, Jean-Philippe André a refusé de désigner clairement des coupables mais a pointé du doigt l’incohérence des pouvoirs publics et de la grande distribution durant les 20 dernières années.
L'Ania dénonce une perte de compétitivité depuis 20 ans
« On a perdu la boussole, où plutôt, nous avons une boussole dont tous les points indiquent la même direction, à savoir, la baisse des prix. Il y a 20 ans, 10% de la production agroalimentaire française était exportée. Aujourd’hui, nous en sommes à 5. Dans le même temps, les exploitations agricoles sont passées de 650 000 à moins de 400 000, et nous sommes passées d’un excédent en volumes en volailles à l’obligation d’importer. L’obsession des pouvoirs publics depuis huit ans a été la déflation et l’obsession des prix bas dans la grande distribution. Ajoutons à cela le dénigrement permanent et voilà comment la puissance alimentaire française a perdu de la valeur », constate amèrement le président de l'Ania.
« Nous, les industriels, devons aider nos agriculteurs à faire face aux questions existentielles qu'ils se posent »
« De même, il faut soutenir la production dans le cadre du Green Deal et faire confiance à nos agriculteurs qui ont su s’adapter. Mais les mettre face à plusieurs niveaux de normes parfois contradictoires, c’est verser dans l’absurdité. Nous les industriels, par la contractualisation, nous devons aider nos agriculteurs à faire face aux questions existentielles qu’ils se posent. »
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L'Ania veut un « Valmy » de l’agroalimentaire
Faisant référence à la victoire française de Valmy de 1792 qui a permis à la toute jeune république française de survivre, le président de l’ANIA, veut sauver l’agroalimentaire avec « de l’audace et du panache ». « L’alimentation française est en danger. Et s’il le faut, nous serons davantage militants. Il faut éviter que dans plusieurs décennies, une fois l’agriculture française disparue, un gouvernement ne tente de la réintroduire, comme en ce moment, on réindustrialise. Il faut imposer la souveraineté alimentaire française. »
L’Ania veut faire appliquer correctement Egalim
Interrogé à la fin de la cérémonie, Jean-Philippe André a réclamé l’application d’Egalim et s’est félicité de la promesse de Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, de contrôles renforcés sur le respect de la loi Egalim. « En 20 ans, nous avons eu 14 ou 15 lois pour protéger les prix de nos éleveurs et nos agriculteurs et ça n’a jamais été appliquée. C’est une vraie faillite législative. Il est temps de la faire appliquer. Et s’il s’avère que des industriels, notamment dans le lait, ont refusé de jouer le jeu, qu’on les sanctionne. »
L'Ania confirme des négociations commerciales tendues
Les négociations commerciales devaient s’achever le 31 janvier à minuit. Certains accords n'ont pas été trouvé dans les temps. Comme prévu, hormis des baisses sporadiques sur certains produits, la moyenne générale devrait être à la hausse, +2 % à +3 % en moyenne pour les grands industriels, soit un bide total pour Bercy qui en avait fait une de ses promesses . Mais Jean-Philippe André refuse de brocarder le gouvernement. « Les acteurs de l’agroalimentaire n’ont pas à commenter un projet économique et politique. Ils voient seulement la réalité et la logique des marchés. »
"Une de mes adhérentes est complètement plantée dans ses négociations"
Cependant, le président de l'Ania dénonce les méthodes de certaines enseignes de distribution, qui mériteraient d’être sanctionnées. « J’ai une de mes adhérentes qui est complètement plantée dans ses négociations. L’enseigne en question est concernée par le droit néerlandais et donc, elle veut que cette cheffe d’entreprise adopte la législation néerlandaise, ce qu’elle ne peut accepter. En gros, on lui ordonne de contourner la loi française si elle veut travailler. »
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