Aller au contenu principal

Vers un label de qualité supérieur européen ?

Face à la concurrence des produits des Etats tiers, la Commission européenne veut afficher la supériorité des produits européens via un nouveau label. Les professionnels sont pourtant très sceptiques.

Depuis un an, la Commission européenne multiplie les réunions et les programmes d’études pour mesurer l’ampleur et la nature des différents systèmes qualité européens. Cette longue période a abouti les 5 et 6 février à Bruxelles à la tenue d’une conférence « Food Quality Certification » à laquelle participaient environ 350 invités représentant tous les secteurs de l’agroalimentaire. La problématique était simple : les produits agricoles et agroalimentaires européens représentent une qualité inégalée dans le monde : comment la différencier ? Mariann Fisher Boel, Commissaire à l’Agriculture, qui introduisait les débats, est partie d’un constat : celui que les consommateurs étaient prêts à payer plus cher pour des produits représentant un haut niveau de qualité incluant le bien être animal et l’environnement.

Crise après crise, la réglementation et les différents systèmes qualité existants ont mis la barre haute pour parvenir à cette qualité, plaçant ainsi nos produits hors de la compétition mondiale par leur prix. Des produits des pays tiers n’étant pas soumis aux mêmes contraintes en matière de bien-être animal ou d’environnement, de charges sociales, etc. entrent en Europe avec des politiques tarifaires très attrayantes pour un consommateur qui ne peut faire la différence.

Tel est le débat qui s’est engagé lors de la conférence bruxelloise. Très vite, les participants ont mis l’accent sur le contenu et la définition d’un concept de qualité supérieure. Un produit est-il considéré comme de qualité supérieure parce qu’il est sur-contrôlé où parce qu’il offre une qualité réellement différenciée qui doit être génératrice de valeur ajoutée ?

«Une réponse inadaptée», selon Michel Prugue

Dans le même temps, le spectre d’un label de qualité supplémentaire a fait réagir bon nombre d’opérateurs. « Si la question posée s’avère bien réelle, la réponse n’est pas adaptée », a affirmé Michel Prugue, président de l’Inao qui voit en ce signe éventuel un risque d’affaiblissement du système des AOP et IGP, « Qui, lui, correspond aux attentes des consommateurs et qu’il faut conforter ». Alors que le Commissaire à la Santé et à la Protection des Consommateurs, Marcos Kyprianou, venait de prôner la place importante que le consommateur réserve au bien être animal, le problème crucial du retour sur valeur ajoutée a été posé.

Quatre ateliers dans lesquels étaient répartis les participants ont tenté d’éclaircir le sujet, mais n’ont pas montré un grand enthousiasme pour ce nouveau label. Que ce soit la distribution, représentée par Alexander Rogge, représentant Jérôme Bédier, Jean Martin représentant les industries alimentaires ou Vincent Couepel pour les organismes certificateurs, beaucoup se sont prononcés pour une meilleure réciprocité des systèmes existants et une meilleure communication vers le consommateur. Effectivement, le nombre de systèmes qui se chevauchent multiplie les audits et certaines exploitations ou entreprises se retrouvent avec parfois huit audits différents pour contrôler des points identiques.

Concernant les AOP et IGP, la réponse est claire : c’est niet. « Je suis en désaccord avec la nouvelle proposition de la Commission, déclare Giuseppe Liberatore, président de l’AICIG qui regroupe 99 % des consortiii italiens. D’une part, on ne sait pas ce qu’est la qualité supérieure, d’autre part cela ajoutera une confusion avec les AOP et IGP, qui, elles, apportent de la valeur ajoutée». Le représentant du Beuc, Jim Murray, organisme européen des consommateurs a fait une critique curieuse du système AOP et IGP : « Ce sont des systèmes à tendance artisanale qui cachent des systèmes industriels. Ce sont des outils marketing, à minima pour certains ».

Dans sa conclusion Mariann Fisher Boel a insisté sur quatre points fondamentaux : développer la communication sur les systèmes existants, continuer à chercher une solution pour un label européen, considérer le retour sur valeur ajoutée comme nécessaire et enfin, rendre les choses plus simples et réduire la bureaucratie. On n’en prend pas la direction…

Les plus lus

graphique de la Cotation entrée abattoir du JB
A 5,74 €/kg, les prix des jeunes bovins viande battent un nouveau record

Les prix des jeunes bovins continuent de progresser en ce début 2025, une dynamique inhabituelle sur janvier. En vaches, la…

Comparaison des prix des vaches lait O en France et en Irlande, graphique
Vaches laitières : les prix irlandais dépassent les cours français

En Irlande, les prix des vaches laitières ont commencé à grimper cet automne tandis que les cotations françaises reculaient,…

une courbe descendante sur fond de silhouettes de vaches
Combien la France a-t-elle perdu de vaches en 2024 ?

Le cheptel de vaches a continué de reculer en 2024. Les maladies animales (FCO et MHE) ont donné un coup d’accélérateur à la…

Une carte de l'Allemagne en rouge, des silhouettes d'agneau, vache et porc au premier plan
Fièvre aphteuse : quelles conséquences des cas détectés en Allemagne ?

La fièvre aphteuse a été détectée en Allemagne. Le Royaume-Uni, traumatisé par l’épidémie de 2001, met en place un embargo…

au sol, la carte de l'Europe sous forme de prairie. Dessus, une vache de race prim'holstein, style photographique
A quoi ressemblera l’Europe laitière dans 10 ans ?

Une filière laitière plus durable, qui produit moins mais pour plus de valeur ajoutée grâce à la segmentation, voilà la…

une image avec un poulet, un camion, un conteneur, un oeuf, une saucisse, un steak, du blé, du maïs, de l'huile, du beurre, des frites, des tomates, du café, du cacao. Au premier plan, une loupe qui zoome sur un des courbes et histogrammes
Prix des matières premières agricoles : 25 cotations à surveiller en 2025

Les variations des prix agricoles et alimentaire ont été fortes et parfois imprévisibles ces dernières années. Prix de la…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio