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Eaux britanniques
Quelle incidence pour la pêche française ?

L’avenir de la pêche française reste flou. Si les positions européennes sont connues et en faveur d’un statu quo, les Britanniques ne se dévoilent pas. Un accord reste à construire.

En moyenne, 40% des captures françaises sont effectuées dans la ZEE anglaise.
© Assemblée nationale

« Nous ne savons pas ce que sera la pêche de demain », déplore Émilie Gélard, responsable des affaires publiques au Comité national des pêches maritimes et des élevages marins (CNPMEM). Il est aujourd’hui difficile d’estimer les retombées de la fermeture des eaux territoriales des Britanniques, avec lesquels la France partage 100 des 150 stocks de poissons gérés par l’Union européenne (UE). La pêche est une activité très encadrée au niveau de l’UE qui repose sur deux grands principes : le partage des eaux communautaires et la gestion des stocks.

La dépendance des bateaux vis-à-vis des eaux britanniques et la quantification des espèces qui y sont pêchées ont donc été évaluées. En moyenne, 40 % des captures françaises sont effectuées dans la zone économique exclusive (ZEE) anglaise et la pêche de certains poissons en est fortement dépendante comme le lieu noir (92 %) ou le hareng (60 %). « En cas de Brexit dur, il serait difficile de reporter l’effort de pêche sur d’autres zones, car celles-ci sont déjà exploitées, et les prises sont régulées pour une pêche durable », poursuit-elle.

40 % des captures se font dans les eaux britanniques

Le « scénario du pire » a été travaillé par la filière. L’UE a mis en avant deux potentielles pistes d’urgence, à savoir : la mise en place d’une compensation financière pour les bateaux à quai et l’aménagement d’une règle en droit communautaire pour obtenir des autorisations de pêche.

Un statu quo défendu par l’UE

Nos voisins d’outre-Manche sont restés flous sur leurs prétentions. « Aujourd’hui, l’UE défend deux positions : inscrire la pêche dans un cadre plus large, dans la négociation d’un accord de libre-échange, et maintenir le niveau d’accès réciproque aux eaux territoriales et les quotas définis par l’UE », explique Émilie Gélard. Cependant, le droit international ne joue pas en faveur de l’Europe. Le Royaume-Uni, souverain sur sa ZEE, pourra théoriquement fixer les conditions d'accès à ses eaux (nombre de bateaux, quantité pêchée...). Concernant l’accès au marché européen, sur lequel le Royaume-Uni réalise 74 % de ses exportations, les règles de l’OMC empêcheront les Européens de trop jouer sur les droits de douane. D’où l’importance de négocier l’accord sur la pêche dans des négociations plus larges.

Négocier la pêche dans un accord plus large est essentiel

À ce stade, peu d’échanges ont eu lieu entre l’UE et le Royaume-Uni sur la forme et le contenu que pourrait revêtir l’accord de pêche. Pour entamer les discussions, un mandat devrait être achevé en février pour un accord qui doit aboutir au 1er juillet 2020. « Le sujet est à traiter très rapidement et la pêche figure parmi les priorités de l’UE », rappelle Émilie Gélard. En ce sens, le CNPMEM a créé des groupes de travail en interne et collabore avec la Direction des pêches maritimes et de l’aquaculture. Une coalition rassemblant les 27 États membres, l’European Fisheries Alliance, a aussi été créée pour mutualiser les moyens et soutenir les négociateurs. « Nous sommes rassurés par le fait qu’il y ait une forte coopération et une bonne coordination côté européen entre toutes les parties. Nous avons déjà très bien fonctionné sur la première phase de travail », confie Émilie Gélard.

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