Visites d’entreprises
Quand les industriels ouvrent leurs usines au grand public
Il n’est pas aisé d’ouvrir les portes de son usine. Pourtant, certaines entreprises le font, souvent ponctuellement, parfois avec un parcours dédié. Dans tous les cas, elles semblent en tirer profit. Explications.
Il n’est pas aisé d’ouvrir les portes de son usine. Pourtant, certaines entreprises le font, souvent ponctuellement, parfois avec un parcours dédié. Dans tous les cas, elles semblent en tirer profit. Explications.


En 2017, 700 entreprises de l’agroalimentaire ont ouvert leurs portes au grand public, selon l’association Entreprise et Découverte. Les chiffres 2018 n’étaient pas encore consolidés quand nous avons bouclé ce dossier, mais selon les dires de sa déléguée générale, ils seront en hausse en ce qui concerne le monde agroalimentaire. « Depuis toujours, le monde de l’agroalimentaire est le premier secteur le plus visité. Ce qui est assez logique, car il y a un besoin important de communication. Ce qui va être nouveau en 2018, ce sont les changements de stratégie d’entreprises de tailles plus grandes. Nous consolidons autant les TPE, les PME que les ETI, mais celles-ci étaient relativement sous-représentées jusqu’à présent. Les tendances 2018 semblent montrer un regain », détaille Cécile Pierre, déléguée générale de l’association Entreprise et Découverte.
Une stratégie d’ouverture forcée
Les industriels de l’agroalimentaire se tournent de plus en plus vers cette association parce qu’elles intègrent la visite d’entreprise comme une contrainte obligatoire dans leur stratégie.
« Les industries ont besoin de cette communication directe. Pour des ETI, l’ouverture de leurs portes est devenue une stratégie contrainte. Mais elles réfléchissent souvent encore à la meilleure manière de le faire. Fleury Michon par exemple a ouvert ses portes ponctuellement. Mais je suis sûre qu’ils vont finir par mettre des parcours de visite en place. Ils y sont obligés, ils y viendront », affirme Cécile Pierre.
L’ouverture de leurs portes est devenue une stratégie contrainte
Pour ce type de produits sensibles, ouvrir son usine n’est pas chose aisée. Il faut imaginer le parcours possible. C’est une des raisons pour lesquelles les chocolatiers, les confiseurs ou encore les biscuitiers restent les premiers secteurs à avoir ouvert leurs portes.
Passer le cap du parcours en production
Et ces entreprises ne se contentent pas d’un magasin d’usine, mais y associent un parcours de visite au sein de la production.
« Les ventes sont deux fois plus importantes dans une boutique d’usine que sans visite préalable », selon les statistiques de l’association. Pour des ETI, comme Brioche Pasquier par exemple, qui a déployé un parcours de visite depuis de nombreuses années, les ventes du magasin d’usine ne sont qu’une poussière dans le chiffre d’affaires total du groupe. « L’enjeu se situe davantage autour de la communication sur des ventes reportées. L’entreprise va faire en sorte que le public choisisse ses marques lors de ses futures courses alimentaires », indique la déléguée générale.
Une boutique pour une communication directe
À Aptunion, c’est également le cas. Depuis son rachat par la famille Charrier, l’entreprise a rénové entièrement sa boutique qui a vu sa surface tripler pour l’occasion à plus de 300 m2. L’idée de la société qui n’est pas connue du grand public est aussi de se redonner une image d’entreprise française, alors qu’elle était pendant un temps dans les mains du groupe irlandais Kerry Food.
« Entre 450 000 et 500 000 euros ont été investis pour rénover la boutique. Elle a rouvert ses portes le 6 juillet 2018 après six mois de travaux. Nous y recevons des groupes scolaires, des seniors, des scientifiques ou encore des touristes de passage. La scénographie a été travaillée pour expliquer notre savoir-faire, car nos fruits sont confits et glacés à la main », raconte la responsable de la boutique installée à Apt (Vaucluse).
La scénographie a été travaillée pour expliquer notre savoir-faire
L’entreprise a arrêté depuis le début de l’année 2019 de faire visiter son usine. Raison évoquée : l’évolution des normes de sécurité et d’hygiène et une chaleur intense dans les ateliers de cuisson de fruits.
Le tourisme industriel peut aussi provenir de l’étranger. Une centaine d’entreprises de tous secteurs, dont environ 80 du monde alimentaire, ont été sélectionnés par l’association Entreprise & Découverte pour participer à un club des sites d’excellence. Ce club est convié le 20 septembre au quai d’Orsay en présence du ministre et de l’ensemble des prescripteurs afin de préciser le plan d’action à venir. Des entreprises telles que Valrhona, la Moutarderie Fallot ou la Confiserie du Roy René en feront partie.
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