Cotation
Prix records de cacao : impliquer davantage les producteurs
L'envolée des cours du cacao se poursuit à Londres et à New York. Les producteurs ivoiriens pourraient permettre une détente du marché.
L'envolée des cours du cacao se poursuit à Londres et à New York. Les producteurs ivoiriens pourraient permettre une détente du marché.
A Londres et à New York, les cours montent à tel point que les records, conséquence de la guerre civile en Côte d’Ivoire premier producteur mondial, ont été battus. Les entreprises se savent attendues par les consommateurs à l’approche des fêtes de fin d’année alors que l’offre est annoncée en baisse (-100 000 tonnes par rapport à la campagne précédente selon l’organisation international du cacao) en raison de mauvaises conditions météorologiques. Elles spéculent afin de tenter de répondre à la demande en hausse.
Impliquer la Côte d’Ivoire, premier producteur
Les décisions sont prises sur deux marchés de Londres et New York, pourtant les producteurs ivoiriens jouent un rôle indéniable. “Le prix au producteur est la pierre angulaire de la durabilité”, estime Romain Valleur, chargé de programme chez AVSF et spécialisé dans la filière cacao. En d’autres termes, “si les producteurs sont suffisamment rémunérés, ils ne n’entreront pas dans une logique de production de masse pour gagner plus. Produire plus n’est pas sans conséquence. Les producteurs quittent leurs terres quand les rendements diminuent, migrent et abattent d’autres arbres pour produire du cacao. C'est la déforestation. Elle-même entraîne des changements climatiques, comme les fortes pluies qui mettent actuellement à mal la production ”, ajoute Romain Valleur.
Quelques améliorations
“Cette année, le prix plancher a augmenté de 75 francs CFA en Côte d’Ivoire pour atteindre 900 francs CFA/kg de cacao”, explique le chargé de programme chez AVSF. Début octobre, il a été fixé à 1000 francs CFA/kg pour la campagne 2023/2024 selon le Conseil du Café-Cacao. Le pays met aussi en place des initiatives pour développer la transformation sur place, gage de forte valeur ajoutée. A travers, une plateforme d’engagement “l’initiative français pour un cacao durable”, le Syndicat du chocolat travaille depuis 2021 en collaboration avec des ministères, industriels, enseignes de distributions etc. L'objectif est “de travailler sur l’amélioration des revenus des cacaoculteurs, de mettre fin aux approvisionnements issus de zones déforestées, de lutter contre la dégradation des forêts ainsi que de lutter contre le travail forcé et le travail des enfants”, explique le Syndicat du chocolat.
Commerce équitable et durabilité ont le vent en poupe chez les Français
Le chocolat est indéniablement un achat de plaisir. Rien que la tablette représente 34 % des achats des Français en chocolat. “En France, les industriels proposent de nombreux dérivés du chocolat. L'appétence des consommateurs est forte en chocolat noir, 30 % d’entre eux l’apprécient contre 5 % des autres Européens. Le chocolat noir est considéré comme plus savoureux et moins riche en sucre”, indique Romain Valleur. Malgré ces achats gourmands, les Français sont regardant sur les étiquettes. Bio, commerce équitable, durabilité, les achats dans ces segments se maintiennent chez les ménages. “Les achats en tablette de chocolat conventionnel ont reculé de 8 % en 2022 sur un an. Ils résistent mieux en pour le même produit étiqueté commerce équitable, -4 %”, constate Romain Valleur.
“La Côte d’Ivoire a perdu 80 % de son couvert végétal en 30 ans”, alerte Romain Valleur.