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Pêche : la Bretagne met le cap vers un label-marque

La filière pêche bretonne a toujours cru que la diversité de ses captures suffirait à bien les vendre. Il n’en est rien aujourd’hui. D’où sa stratégie de développement d’un label-marque.

À Lorient, au Guilvinec, à Erquy, à Audierne et dans tous les ports disposant d’une halle à marée en Bretagne (treize), le futur de la filière s’écrit maintenant. La Région Bretagne, l’interprofession Breizh Mer et le groupement interportuaire Pêche de Bretagne (les criées) travaillent main dans la main depuis un an pour améliorer la qualité du poisson débarqué dans les ports et, in fine, créer plus de valeur.

Leur objectif, c’est de créer un label-marque breton qui distinguera les produits de la pêche et de l’aquaculture par « leur provenance, leur durabilité et leur qualité », résume Isabelle Thomas, directrice de Breizh Mer. En matière de pêche durable, les Bretons ont quelques atouts à faire valoir. Ces dernières années, « les pêcheurs bretons se sont imposé des contraintes supérieures à la réglementation en matière de tri – dispositifs d’échappement des juvéniles par exemple –, de repos biologique à certaines périodes de l’année, etc. », poursuit Isabelle Thomas.

En signes de qualité, la Bretagne ne part pas de rien. AOP des moules de bouchots de la baie du Mont-Saint-Michel, IGP de la coquille Saint-Jacques des Côtes-d’Armor, MSC sur certaines pêcheries, Pavillon France… Mais ce que veulent les Bretons avec leur projet de label-marque, c’est conforter leur place économique – 86 549 tonnes de poissons commercialisées sous ses criées, soit la moitié des 173 812 tonnes mises en marché sur le carreau de 37 halles à marée françaises en 2019 –, et leur notoriété auprès des consommateurs.

Quels critères pour le label ?

Le contexte épidémique leur donne raison. Jamais les volumes n’ont autant baissé en une année qu’entre 2019 et 2020 (jusqu’à -20 % en volume et en valeur). En ce début d’année, les prix restent en deçà de ce qu’ils sont habituellement, en particulier pour la pêche au large qui parvient difficilement à écouler ses plus grosses pièces ou poissons nobles ailleurs que dans les restaurants toujours fermés. Pour parvenir à ce label-marque, il y a tout un processus à respecter. Tout d’abord, qu’est-ce qu’un produit breton ? Un poisson débarqué en Bretagne, mais forcément pêché par un bateau breton ?

« Une étude de faisabilité financée par la Région Bretagne est en cours pour le préciser », indique Anthony Ollitraut, responsable du secteur pêche au conseil régional de Bretagne. Il faut ensuite travailler à la normalisation de la qualité du poisson qui transite sous les criées. Des criées s’y sont intéressées par le passé, mais le travail n’a jamais été harmonisé pour l’ensemble des sites. Récemment, « il y avait le risque de voir des criées monter de façon autonome leur système qualité », observe Isabelle Thomas.

Un risque de voir des criées monter leur système qualité

Un agréage qualité strict s’impose d’autant plus que la proportion d’achats à distance ne cesse de progresser, encore plus en cette période épidémique. Dans une grosse criée comme Le Guilvinec, par exemple, elle se situe autour de 80 %. Toute cette standardisation, de la désignation de l’espèce aux normes de tri, a été réalisée avant le lancement du projet label-marque. « Il nous reste à constituer une équipe que je qualifierai de “brigade du tri” qui contrôlera le bon respect des normes, au besoin en proposant de la formation », ajoute Anthony Ollitraut.

Enfin, il y a toute la traçabilité à peaufiner. Là encore, une étude va être lancée pour identifier tous les points à respecter, sous ses aspects réglementaires et sanitaires. Des travaux sont en cours à Lorient et en Cornouaille (six criées, dont celle du Guilvinec), par exemple pour pucer l’ensemble des bacs de criées. Les codes-barres renseigneront les opérateurs tout au long de la chaîne sur la composition du lot (espèces, calibres, qualité) et de la provenance des espèces qui le composent.

Une modernisation des criées

En parallèle, les criées se modernisent pour mettre en musique tout ce travail de filière. Plusieurs d’entre elles ont consenti ces dernières années d’importants investissements de remise à niveau. Aujourd’hui, c’est au tour du Guilvinec, troisième criée française en volume (12 584 tonnes en 2020) et seconde en valeur (51,1 millions d’euros) dont le concessionnaire, la chambre de commerce du territoire, veut faire un parfait outil agroalimentaire.

À l’issue des travaux, prévus jusqu’en 2022, la criée sera placée en froid positif ; une bonne partie de la manutention sera automatisée pour traiter plus efficacement la pêche hauturière (80 % des apports), la traçabilité bac par bac mise en œuvre. Cette orientation « industrielle » a d’ores et déjà convaincu de nouveaux opérateurs de venir s’y installer pour développer les produits transformés, notamment ceux prisés au rayon libre-service des GMS. Tous les nouveaux équipements devraient être opérationnels vers 2022-2023, au moment même où le dossier label-marque devrait aboutir. Une belle concomitance des temps.

Créer de la valeur ajoutée en ouvrant de nouveaux marchés

Les acteurs de la filière peuvent-ils rêver d’une plus grande valeur du poisson demain ? « On peut penser effectivement que le label-marque permettra à terme de créer de la valeur ajoutée en ouvrant de nouveaux marchés », veut croire Anthony Ollitraut. Isabelle Thomas estime, elle, que cette politique « fidélisera le consommateur de poisson breton ». À condition qu’on parvienne à l’éduquer sur la diversité halieutique pour qu’il ne continue pas de faire des poissons d’élevages (saumons et crevettes) ses poissons préférés.

Pour une meilleure transparence du marché

Les acteurs « amont » et « aval » de la filière pêche ne se regardent plus en chiens de faïence. Ils consentent de plus en plus à échanger des informations de marché pour viser une meilleure adéquation entre l’offre et la demande. Piloté par les criées, l’outil national de prévisions des apports (Prévapport) informe les mareyeurs des espèces et volumes que les navires hauturiers débarqueront quelques jours plus tard. Dans le contexte Covid, il vient d’être doté d’un module supplémentaire destiné aux acheteurs pour qu’ils informent les producteurs de leurs besoins à venir, en espèces et en volumes. Il est prévu que leurs intentions d’achat s’accompagnent demain d’indices de confiance. Pour l’heure, l’information remonte surtout de l’amont à l’aval.

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