Pas de répit rue de Varenne
Il y a trois ans Stéphane Le Foll, à peine installé rue de Varenne, héritait d'un dossier très chaud : le redressement judiciaire de Doux, écrasé sous les dettes, avec des milliers d'emplois en péril et toute une filière déstabilisée. Avec un certain soulagement, il a accueilli l'épilogue de l'affaire la semaine dernière, avec l'annonce des négociations exclusives pour la revente du groupe, redressé par D&P, à Terrena et Sofiprotéol, deux Français. « J'ai toujours cru à l'avenir de la filière export et me suis mobilisé pour soutenir son redressement ainsi que la consolidation du groupe Doux. L'annonce d'aujourd'hui et la perspective d'une reprise par des acteurs français du secteur constituent une excellente nouvelle pour toute la filière volaille française », a-t-il déclaré. Une bonne nouvelle n'arrivant jamais seule, Casino annonçait début mai la reprise du site de Luché-Pringé de Gastronome. Et ce, quelques mois seulement après le dénouement du dossier Gad dans la filière porcine, avec son passage dans le giron d'Intermarché. On respire davantage à l'hôtel de Villeroy qu'en début de mandat de François Hollande... Pour autant, toutes les difficultés de l'agroalimentaire sont-elles réellement derrière nous ? Pas si sûr. La concentration des centrales d'achat et ses conséquences prévisibles sur les marges des fournisseurs de la grande distribution pourraient fragiliser à nouveau le tissu agroalimentaire français, en particulier les PME. Plus en amont, la situation s'avère des plus tendues dans les élevages porcins et bovins. De nombreux producteurs n'arrivent plus à joindre les deux bouts, comme ce jeune éleveur de bovins rencontré dans le Cantal (voir p. 13). Un modèle d'élevage allaitant à l'herbe, souvent mis en avant comme modèle en France, est en péril. Des opérateurs de la filière parlent d'un important effort collectif pour revaloriser les races à viande et améliorer leur qualité. Un travail certes nécessaire, mais qui ne dispensera pas le ministère de l'Agriculture de suivre le dossier de très près et d'apporter les réponses d'urgence pour maintenir un certain niveau de production dans l'Hexagone.