« Mort annoncée » de la primeur
La production de pommes de terre de conservation connaîtrait une progression sensible cette année. Les producteurs de primeurs, dont la campagne est catastrophique, s’inquiètent de l’omniprésence de la pomme de terre de conservation.
A la suite d’un sondage auprès de 400 planteurs, l’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT) annonce une légère augmentation des surfaces de pommes de terre de conservation en France, autour de 1,5 % pour 105 900 ha. La progression serait très forte en Haute-Normandie, 4,6 % pour 6 800 ha, et la première région productrice, le Nord-Pas- de-Calais, enregistrerait une progression de 1,6 % avec 37 400 ha, la Picardie restant stable. Dans sa dernière note sur l’état des grandes cultures, le ministère de l’Alimentation situe la surface à 109 000 ha, mais, comme chaque année, ces premières estimations divergent sensiblement de celles de la profession, avant de se rapprocher au fil des mois. Par ailleurs, le NEPG, qui regroupe les producteurs de pommes de terre du nord-ouest de l’UE, estime à 1,5 % également la hausse de la superficie de pommes de terre dans ces grands pays producteurs avec 500 760 ha, dont 161 600 en Allemagne, contre 160 000 l’an dernier, et surtout une forte progression en Belgique, avec 55 630 ha, la moyenne de ces dernières années ayant évolué entre 50 600 et 52 800 ha. Pour le NEPG, cette expansion des surfaces répond à celle des besoins croissants de l’industrie de transformation et, en ce qui concerne la France, elle permettrait de faire face à la progression de la demande pour l’exportation.
Les producteurs de pommes de terre primeurs ont une autre interprétation de cette expansion. Ils y voient aussi et surtout la présence ininterrompue des vieilles pommes de terre sur les étals, y compris durant la campagne de primeurs où elles sont considérées comme une concurrence de plus en plus insurmontable.
La primeur éliminée des rayons
Le problème n’est pas nouveau, et s’est amplifié avec la similitude d’aspect entre les vieilles pommes de terre lavées, claires et à peau fine qui peuvent abuser un consommateur de moins en moins averti des caractéristiques visuelles des primeurs et de ses qualités gastronomiques. A ce manque de lisibilité du produit s’ajoutent une information peu ciblée et un manque de volonté évident de la part de la distribution de promouvoir le produit en rayon. Pour un distributeur, il est plus facile de gérer des vieilles pommes de terre (faciles à manipuler et peu chères) que des primeurs (fragiles, de courte conservation et moins attractives par leur aspect et leur prix plus élevé).
En dix ans, la production française de primeurs est tombée de 150 000 à 45 000 t et la campagne 2009, désastreuse, risque d’accélérer la « mort annoncée » de cette production. Depuis trois ans, la primeur avait rejoint l’interprofession de la pomme de terre. C’est dans ce cadre que les producteurs souhaitent régler le problème de la concurrence avec les conservations. Le principal moyen serait d’imposer une période de suspension de la conservation en pleine période de primeurs. Le débat prévu cet automne sur le sujet risque d’être difficile.