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Choucroute d’Alsace
L’IGP au secours d’une production souffrante

Le 1er janvier 2019 prendra effet l’IGP Choucroute d’Alsace, un label chargé de la protéger de la concurrence étrangère, et valoriser la production de choux, en souffrance cette année.

© DR

À la demande des producteurs de choux et des transformateurs de choucroute, l’IGP Choucroute d’Alsace va enfin voir le jour, après 20 ans de lutte pour l’obtenir. Elle prendra effet à partir du 1er janvier 2019. Reconnue au niveau européen, elle aura notamment pour but de protéger le produit contre la concurrence allemande ou polonaise « qui faisait passer leurs produits pour de la choucroute d’Alsace alors qu’il n’en était rien », lâche Claude Thébault, président de l’Association française des choucroutiers.

L’indication géographique protégée impose une récolte, une transformation et une cuisson en Alsace. « Le label assure une sécurité de culture et de traitement », ajoute Claude Thébault. Le cahier des charges détermine l’utilisation des variétés de choux hollandais, adaptés pour la récolte à la machine, ou alsaciens, qui sont plus adaptés pour la récolte à la main, et donc moins utilisés aujourd’hui. L’IGP assure un avantage économique pour la filière, car en garantissant une traçabilité, la choucroute sera vendue plus cher. « On espère que le consommateur sera réceptif, et qu’il sera prêt à payer son produit plus cher », souligne Claude Thébault.

On espère que le consommateur sera réceptif

Le label apporte une solution pour les producteurs de choux, dont le nombre ne cesse de diminuer, car la valorisation des choux est nettement moins bonne que dans d’autres productions. Cette IGP possède toutefois un inconvénient. S’il y a pénurie de matière première, comme cela risque de se produire cette année, il ne sera pas possible pour les choucroutiers de s’approvisionner ailleurs.

Une pénurie de matière première

Cette année, la filière choucroute manquera de matière première à cause de la sécheresse, qui a fait passer les rendements moyens à 50-60 tonnes par hectare (contre 80 tonnes par hectare lors d’une année normale). La tonne de choux étant rémunérée en moyenne 75 euros pour le producteur, cette diminution lui fait perdre autour de 2000 euros par hectare. Les choucroutiers vont donc devoir payer la matière première plus cher que prévu, une augmentation difficilement répercutée par les distributeurs, malgré quelques améliorations ces dernières années. « La distribution est plus réceptive depuis quelque temps, et les enseignes acceptent de répercuter le prix. Il faut dire que les années anormales reviennent de plus en plus souvent. Les négociations des prix avec les distributeurs n’ont pas encore commencé pour cette année. On veut leur faire passer un message : il faut que tout le monde soit raisonnable », assure Claude Thébault.

Quand elle manque de matière première, la filière choucroute cherche à s’approvisionner au-delà des frontières françaises : en Allemagne, en Pologne ou aux Pays-Bas. Mais cette année, la sécheresse ayant touché toute l’Europe, ces pays approvisionneront en priorité leur marché local. « On prospecte hors Europe, mais c’est très difficile, on ne pourra pas s’approvisionner à un prix raisonnable », déplore Claude Thébault.

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