L’étiquetage nutritionnel mort-né ?
Alors que l’on attend pour la fin mars le rapport sur l’expérimentation en supermarché des quatre systèmes d’étiquetage nutritionnel simplifié, l’Anses vient de rendre un avis plutôt négatif sur leur efficacité à réduire certaines pathologies dans l’ensemble de la population, en orientant les choix alimentaires. À partir de l’état actuel des connaissances (des études théoriques essentiellement), l’Agence conclut que « la pertinence nutritionnelle dans une perspective de santé publique des systèmes d’information nutritionnelle (SIN) examinés n’est pas démontrée ». L’Anses a analysé les quatre systèmes qui ont fait l’objet de l’expérimentation (nutri-couleurs, nutri-repères, nutri-scores et Sens), ainsi que le système Health star rating, utilisé en Australie et en Nouvelle-Zélande, et testé par E.Leclerc. Et ses conclusions ont dû réjouir une partie de l’industrie alimentaire qui avait montré son scepticisme dès le départ face à cette mesure réclamée par les associations de consommateurs. Ainsi l’Anses conclut qu’il « existe des risques d’effets contre-productifs, pouvant conduire par exemple à l’exclusion d’aliments, à la consommation exclusive d’un type d’aliment, ou à la mise en place d’une compensation infondée ». L’Anses rapporte par ailleurs l’analyse du comité d’expert spécialisé selon lequel « la composition nutritionnelle d’un aliment n’a de sens qu’au regard de sa contribution effective à l’équilibre réalisé dans le cadre d’un régime ». Aussi selon l’Agence, un tel étiquetage ne pourra être qu’une « mesure d’accompagnement » d’action d’éducation, devant être évaluée régulièrement. Rappelant que les derniers résultats de l’Oqali n’indiquent pas d’amélioration de la qualité nutritionnelle de l’offre alimentaire, l’Anses préfère d’autres mesures de nature réglementaire, proposées par le Pr Serge Hercberg en 2013, ciblées sur des couples stratégiques nutriments vecteurs et la régulation publicitaire en particulier pour les enfants. Pas de quoi, pour le coup, réellement ravir les industriels de l’agroalimentaire !