Les produits de terroir sous la loupe des chercheurs
Une soixantaine d’artisans crémiers, boulangers et charcutiers se regroupent pour faire valoir leurs produits au sein d’une association, « Artisans d’ici ». « D’ici », c’est à dire de la Bresse, du Val de Mont et de la Saône, à la limite septentrionale de la région Rhône Alpes. Ils sont réunis par des modes de fabrications issues d’une tradition propre à leur patrimoine, et ils décident d’un commun accord de rendre cette appartenance lisible pour le consommateur. Pour permettre cette visibilité, ils mettent au point un site web et un logo présent sur les emballages de leurs produits mais aussi sur les devantures de leurs points de vente.
Leur récente alliance provient de l’initiative de deux chercheurs, Philippe Marchenay et Laurence Bérard. Cette dernière se réjouit de l’avènement « d’Artisans d’ici », mais déplore que les producteurs n’aient pas pris par eux-même l’initiative. Selon eux, « ils aiment leur travail, ont des modes de production originaux, mais ne se préoccupent pas de faire valoir leur production au niveau national ».
Les deux confrères résident à l’antenne Ethnologie du pôle Alimentec du CNRS à Bourg en Bresse (Ain). « Ethnologue », cela évoque l’explorateur qui analyse le comportement des peuples, et Laurence Bérard et Philippe Marchenay appliquent cette science au terroir français.
Des conseils décisifs pour des AOC et IGP
A force de recherches historiques et géographiques, de rencontres avec les producteurs, ils définissent des ensembles de populations, de coutumes et leurs localisations géographiques. Un point de vue original qui les amène à mettre plus souvent les bottes que la blouse blanche. La valeur de leurs travaux n’en est pas moins reconnue. Enseignants à Lyon II, Lyon III et bientôt en Italie, ils entretiennent un centre de documentation. Les organismes certificateurs d’indication géographique font aussi appel à leurs services, pour savoir si une AOC ou une IGP est adaptée et jusqu’où celle-ci doit s’appliquer. Par exemple les charcutiers qui résident dans l’Ain et la Loire doivent une fière chandelle au duo de chercheurs. C’est sur les conseils de ces derniers que la zone d’extension de l’IGP concernant la Rosette de Lyon dépasse les limites du Rhône.