Les foires font l’affaire de tous
Les foires aux vins, dont le coup d’envoi a été donné ces jours-ci, font désormais autant l’affaire des distributeurs que des vignerons. L’époque où les « foires » permettaient aux grandes surfaces de déstocker leurs invendus ou aux opérateurs de casser les prix en vendant trois caisses de vins à 3 euros pour le prix de deux est désormais révolue. « Si le volume vendu en foire aux vins est stable ou en petite décroissance, la valeur progresse régulièrement », constate Bernard Burtschy, journaliste et statisticien, qui présentait début septembre une étude exhaustive des bouteilles exposées depuis trois ans en foire aux vins à l’association de la presse du vin (APV). « Les prix moyens des vins proposés s’élèvent en moyenne à 7,83 euros en hard-discount, 13,03 euros en grande distribution, 30,40 euros sur les sites de vente en ligne et 31,13 euros chez les cavistes. »
Il y a longtemps que les enseignes achètent spécifiquement pour leurs foires aux vins à des metteurs en marché qui ont choisi de vendre par ce biais des quantités importantes. « La vente en foire aux vins, c’est une stratégie de notre part », indique Jean-Luc Zell, directeur du château d’Agassac, un cru bourgeois du Médoc. « C’est une propriété que nous avons repris récemment et qui avait besoin d’être relancée. La foire aux vins, c’est un formidable accélérateur de notoriété, car l’évènement est abondamment repris dans les catalogues et dans la presse. En outre, nous sommes bien positionnés sur le créneau qualité-prix, le critère important des foires aux vins ». Le château ne commercialise cependant que 40 000 bouteilles, sur un total de 250 000, « par prudence ».
Deux millésimes d’exception : 2009 et 2010
Si l’on peut faire de bonnes affaires lors des foires aux vins, c’est que la distribution accepte de rogner sur ses résultats. « Les marges sur le rayon vin sont plus basses que le reste de l’année », témoigne Jean-Michel Deluc, de ChâteauOnline. « C’est un moyen d’attirer vers ce rayon une nouvelle clientèle ». « La foire aux vins conditionne en grande partie la réussite des ventes de l’automne, qui est traditionnellement une période-clé des ventes », confirme Guillaume Halley, franchisé d'un Carrefour Market au centre de Bordeaux et propriétaire du château La Dauphine. « Les consommateurs viennent s’approvisionner pour tout l’hiver. » Le phénomène des foires aux vins concerne plus particulièrement une appellation, Bordeaux, sans doute en raison de sa réputation à produire des vins de garde. Sa « part de marché » au sein des catalogues ne cesse même de progresser : 46 % en 2012 contre 37 % en 2010. La région figure très loin devant la Bourgogne (13 %), le Rhône (11 %) et la Loire (8 %). 2012 ne devrait pas déroger à la règle. On y proposera deux millésimes jugés exceptionnels pour Bordeaux : 2009 et 2010.