RSE
L’élevage se met en marche pour répondre aux attentes sociétales
Les demandes des consommateurs peuvent sembler irrationnelles. Mieux vaut toutefois les écouter et coconstruire avec la société afin d’éviter certains scénarios catastrophes. Les filières élevage en prennent conscience et agissent.
Progresser dans la direction des demandes sociétales et le faire savoir préoccupe les interprofessions des filières lait, viande, volaille ou œuf. Il s’agit de devancer collectivement des metteurs en marché particuliers prêts à s’emparer d’un argument de vente. Ainsi, l’interprofession laitière a inscrit l’environnement et le bien-être des animaux parmi ses axes d’amélioration continue du Plan de filière laitière. Cela signifie, selon la directrice générale du Centre national interprofessionnel de l’économie laitière, Caroline Le Poultier, que le bien-être du troupeau laitier ne doit pas servir à la segmentation du marché. En matière de communication, le Cniel veut déjà que les progrès réalisés collectivement jusqu’alors, ainsi que les progrès à venir, soient portés à la connaissance du grand public.
L’interprofession laitière compte lancer avant la fin de l’année une concertation avec les ONG afin de valider les thèmes sur lesquels communiquer. Afin de mesurer objectivement les progrès réalisés, la filière construit depuis deux ans des indicateurs du bien-être animal. Ceux-ci sont relatifs aux cinq « libertés fondamentales des animaux », établies internationalement : absence de faim ou de soif ; absence d’inconfort ; évitement des blessures et souffrances physiques ; expression des comportements naturels de l’espèce ; absence de stress. Entrés en phase expérimentale, ces indicateurs seront présentés au Space avant de se déployer sur le terrain d’ici à la fin de l’année.
Cinq profils de citoyens
Le metteur en marché s’adresse, pour sa part, à tel ou tel profil de citoyens-consommateurs. Cinq profils ont été définis dans le cadre du projet Accept de décryptage des controverses sur l’élevage, au profit des instituts techniques *. Les proportions respectives de ces profils ont été évaluées par une enquête réalisée en 2016 auprès de 2000 personnes du panel Ifop.
Le profil dominant (51 %) est celui des « progressistes ». Ils souhaitent voir les pratiques s’améliorer sans changer radicalement les systèmes existants ni leurs modes de consommation. Ils sont confiants dans les produits sans bien connaître l’élevage. Le profil suivant en proportion (24 %) est celui des « alternatifs ». Ces pourfendeurs de l’élevage intensif défendent une agriculture paysanne, qu’ils voient agroécologique, constituée d’élevages de taille réduite. Ils consomment peu de produits animaux ou souhaitent réduire leur consommation. Ils achètent local ou dans des circuits courts. Arrivent ensuite les « compétiteurs » (10 %). Ce sont souvent des hommes, qui déclarent très bien connaître l’élevage et s’y intéresser. Les « abolitionnistes » (2 %), contre l’exécution ou l’exploitation animale, sont au contraire des femmes à 80 % qui ne consomment pas ou très peu de produits animaux, par conviction. La réduction de la consommation de produits d’origine animale comme un enjeu clé. Le 5e profil, celui des « sans avis », qui consomme sans se poser de question, ne représente que 3 % du panel interrogé.
Cinq scénarios d’avenir contrastés
Quels rôles joueront ces citoyens dans l’évolution planétaire de l’élevage ? Le public pourra en discuter au Space lors de la présentation des « cinq scénarios contrastés sur l’avenir de l’élevage » (le 12 septembre). Dans le scénario 1 d’accentuation des dérèglements planétaires, dans lequel l’élevage est restreint, les indifférents (« sans avis ») sont majoritaires et les « alternatifs » cultivent leur jardin. Dans le scénario 2 de généralisation de la malbouffe (junk food), privilégiant les élevages intensifs d’autres régions mondiales, les indifférents sont là aussi majoritaires. Dans le scénario 3 de coconstruction des démarches de progrès, voyant les signes de qualité se multiplier, les « progressistes » sont à l’œuvre ainsi que les distributeurs et industriels. Dans le scénario 4 inspiré du modèle viticole « moins mais mieux », voyant cohabiter des filières de qualité et des modèles standards, les « alternatifs » font la loi et la production de viande diminue fortement. Enfin, dans le scénario 5 où « la pensée vegan majoritaire marginalise les consommateurs de viande », les « abolitionnistes » triomphent.
(1) Ifip, Idele, Itavi.