Le « vin de pays vignobles de France » est pour bientôt
Pour la première fois en France, la profession dans sa quasi-unanimité demande officiellement la création d’une nouvelle catégorie de vins de pays vignobles de France. « Vous êtes en train de vivre un moment historique », a tenu à préciser, jeudi à la presse, René Moreno, président de l’Anivit (association nationale interprofessionnelle des vins de table et vins de pays). Après trois ans de réflexion sur le sujet, une Fédération des syndicats des vins de pays vignobles de France a été créée le 11 octobre avec l’élection à sa présidence de Michel Servage, déjà président de la Commission spécialisée vin de pays de l’Onivins.
Pour que cette nouvelle dénomination existe, il faut encore qu’elle fasse l’objet d’un avis consultatif de l’Onivins puis de la signature d’un décret par le ministère de l’Agriculture. Le sujet est à l’ordre du jour du conseil spécialisé vins de pays de l’Onivins mercredi prochain et Michel Servage espère que le décret paraîtra début 2006. Si c’est le cas, des vins de pays vignobles de France pourront se faire à partir de vins -exclusivement des vins de pays de cépages agréés- de la récolte 2005.
Les metteurs en marchés devront alors suivre des règles précises. Un partenariat d’une durée minimum de 3 ans devra être signé avec le producteur portant sur un prix d’achat et un volume (au minimum 25 % de la production du producteur concerné et jusqu’à 60 %) et établissant un cahier des charges qualitatif. Le dossier devra être accepté par une commission spéciale de la nouvelle fédération qui jugera de sa qualité. « Pour éviter tout dérapage, un agrément en cépage sera accordé dès la production », souligne Bruno Kessler, président de l’Afed, représentant le négoce, qui est à 100 % pour cette nouvelle dénomination. Autre critère important : les vins à la consommation devront se situer dans une fourchette de prix entre 2 et 5 euros.
Surtout des vins bi et tri-cépages
Le négoce estime que cette nouvelle catégorie débouchera surtout sur des vins bi ou tri-cépages très prisés par les nouveaux consommateurs. On pourrait par exemple voir sortir des vins de marque à base de Chardonnay du Languedoc et de Colombard du Sud-Ouest ou des assemblages Gamay du Val de Loire et Syrah de la Vallée du Rhône.
La première cible sera les consommateurs étrangers qui veulent des vins fruités avec de la fraîcheur. « On va enfin pouvoir faire quelque chose de nouveau», se réjouit Bruno Kessler qui voit dans l’assemblage le moyen de redynamiser la création de marques de vins en France. Une cinquantaine d’entreprises françaises seraient susceptibles de créer une marque à base de vins de pays vignobles de France, estime l’Afed. Des grandes marques étrangères seraient déjà intéressées par cette nouvelle dénomination française.
Pour être lisible et rentable, une marque doit arriver à terme au million de caisses. Ce qui laisse imaginer les volumes importants que pourrait absorber cette nouvelle catégorie de vin. Et c’est bien là que le bât blesse pour Jacques Gravegeal, président des vins de pays d’Oc, seul syndicat de vins de pays à ne pas avoir adhéré au projet. « Le pays d’Oc ne sera pas capable à l’avenir d’absorber la totalité des vins de pays du Languedoc sachant que 500 à 600 000 hl sont plantés chaque année en équivalent vins de pays d’Oc», rétorque René Moreno.