Le premier cabillaud « façon » bio
Avec un peu d'imagination et une pointe d'écologie, deux associés français et polonais gèrent depuis plusieurs années un élevage de cabillaud en s'appuyant sur des méthodes empruntées au monde bio. Située dans une île des Shetland (au nord de l'Écosse), la société Johnson Seafarms a trouvé son credo : lutter à sa manière contre l'épuisement des ressources halieutiques, grâce à l'aquaculture. « Nous ne voulons avoir aucun impact négatif sur l'environnement», explique le fondateur Karol Rzepkowski, qui n'en oublie pas pour autant la finalité de l'élevage, la vente.
Ce mois-ci, Johnson Seafarms devrait commencer à fournir des restaurants haut de gamme avant d'approvisionner les supermarchés en avril. « L'aquaculture est l'avenir du poisson. Au rythme des prises actuelles, il n'y aura bientôt plus de poissons à pêcher dans les mers. Et justement parce que c'est l'avenir, nous voulons le faire de façon impeccable, montrer l'exemple », explique M. Rzepkowski. Spécialisée dans l'aquaculture depuis plus de 20 ans (saumon, truite, sans oublier les moules dont une partie est exportée en France), la société s'est tournée récemment vers le cabillaud d'élevage, et essaye de concilier « élevage en grandes quantités et méthodes bio ».
Les deux partenaires ont investi 45 millions d’euros, avec le soutien de fonds de capital-risque, et racheté pour une somme symbolique un ancien élevage de saumon, qui comme beaucoup d'entreprises du secteur aux Shetland avait fait faillite.
Pas de viande pour les poissons
Les poissons sont dans d'immenses cages rondes, de 100 mètres de circonférence, qui émergent à la surface de l'eau. Des caméras installées dans les cages permettent de surveiller le comportement des poissons. Pour ne pas puiser dans les ressources de la mer, les cabillauds sont nourris avec des restes de poissons tués pour la consommation humaine, et qui auraient été jetés. Compte tenu du mode d'élevage, ce cabillaud peut se prévaloir du label « Organic ». Développé dans les pays anglo saxons, cette démarche est moins contraignante que le label Agriculture Bio. « Ce n'est pas du développement durable que de pêcher des poissons dans la mer pour élever des poissons d'élevage », relève le fondateur. « Ces restes sont issus de l'aquaculture biologique. Et évidemment il n'est pas question de donner à mes cabillauds de farines ou des aliments provenant du bétail ». Les poissons mangent du poisson !