Le petit commerce furieux contre Sarkozy
LM : Lors de la table ronde sur le pouvoir d’achat, il a été proposé aux GMS des mètres carrés supplémentaires en échange d’un meilleur accès aux produits régionaux et de PME. Comment les petits commerçants réagissent-ils face à cette mesure ?
C. B. : Donner des mètres carrés et des surfaces supplémentaires de cette manière n’est pas normal. Je ne sais même pas si c’est légal. Autant nous sommes d’accord sur le besoin de réforme des marges arrière et sur la relance de la consommation, autant cette décision est une honte. M. Sarkozy a fait l’apologie de la grande distribution lors de cette rencontre, et ne nous a pas particulièrement témoigné sa sympathie. C’est inadmissible. Pour en revenir aux avantages obtenus par les distributeurs, je ne vois pas comment nous allons pouvoir lutter : les GMS et les industriels vont s’arranger entre eux pour diminuer leurs prix, et ce sont les commerces de proximité qui vont payer.
LM : Dans quel contexte arrivent ces décisions ?
C. B. : Le moins que l’on puisse dire, c’est que nous ne sommes pas gâtés ! Nous venons tout juste de stopper l’hémorragie de l’emploi dans notre secteur, grâce à des actions de formation. Et dans le même temps la grande distribution a le droit de faire de la publicité à la télévision depuis peu. C’est une position difficile. Surtout si on y ajoute maintenant le basculement des marges arrière en marge avant, qui va fausser l’équilibre des prix.
LM : Dans les mesures annoncées figure le versement de 31 M Eur au FISAC (Fonds d’Intervention pour les Services, l’Artisanat et le Commerce). Comment accueillez-vous ces crédits ?
C. B. : Pour nous ces 31 millions alloués au FISAC sont du vent. D’ailleurs je ne comprends pas la position de Jean-Pierre Raffarin sur ce dossier de la grande distribution, lui qui a pourtant été ministre des PME. Nous lui avons écrit, ainsi qu’aux parlementaires, pour obtenir du soutien. Car les propositions qui ont été faites lors de cette table ronde sont une catastrophe. Nous sommes pessimistes, et nous avons décidé de réunir une assemblée générale extraordinaire mardi prochain.