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Label
Le commerce équitable progresse en convergeant vers le bio

L’heure est à l’optimisme pour les dirigeants de Commerce équitable France, disposant de plusieurs leviers pour dynamiser le secteur. Deux ans après son ouverture aux producteurs du nord, le label a connu une quatrième année de croissance consécutive en 2017, et converge de plus en plus vers l'agriculture bio.

Avant la quinzaine équitable, qui a lieu du 12 au 27 mai 2018, les dirigeants de Commerce équitable France ont partagé à la presse leur optimisme quant à l’avenir du label le 3 mai dernier. Pour la première fois, les ventes en France ont franchi en 2017 un palier symbolique, s’établissant à 1,042 milliard d’euros, soit 10 % de plus qu’en 2016. Les ventes sur les produits issus des filières internationales ont connu une hausse de 7 % par rapport à l’an passé.

Pour les produits issus de filières françaises, vendus sous le signe du commerce équitable depuis tout juste deux ans, les ventes ont, quant à elles, augmenté de 18 %. « Les Français sont sensibles à la juste rémunération des producteurs et à l’environnement », déclare Julie Stoll, déléguée générale de Commerce équitable France, selon un sondage réalisé pour le compte de Commerce équitable/Max Havelaar. Ce dernier montre que 36 % prennent ces deux critères en compte lors de leurs achats de produits alimentaires, soit 10 points de plus que l’année dernière.

En 2017, 81 % des produits équitables que nous avons vendus étaient certifiés biologiques

« Aujourd’hui, les outils économiques que nous proposons aux producteurs sont aussi pour eux des outils de transition écologique », précise Marc Dufumier, président de Commerce équitable France. De ce fait, le label converge inévitablement de plus en plus vers le bio. « En 2017, 81 % des produits équitables que nous avons vendus étaient certifiés biologiques contre 74 % en 2016. 46 % des produits équitables made in France l’ont été eux aussi », continue Marc Dufumier, pointant « l’attente et de la demande sociétale fortes ».

Plusieurs produits sont par ailleurs, pluri-labellisés (spécialement des produits issus du nord), ce qui n’est pas un problème selon Marc Dufumier. « Je n’ai pas l’impression que les consommateurs soient aussi perdus qu’on ne le pense. Ils sont très affûtés sur toutes les labellisations. Certains produits sont triplement certifiés, à savoir bio-IGP-commerce équitable », explique-t-il. Au sud, le commerce équitable commence à se pratiquer entre pays en développement. Des produits certifiés du label sont aujourd’hui accessibles au Kenya, au Brésil et en Inde notamment.

Max Havelaar touche un ménage sur deux

Le label associatif Max Havelaar, qui certifie aujourd’hui 3 200 produits, a touché pour la première fois en 2017 un ménage sur deux. « Il y a une demande massive des distributeurs en France, nous sommes à 38,5 % de progression sur trois ans », déclare Blaise Desbordes, président de Max Havelaar France. « Aujourd’hui, 10 % des bananes vendues en France sont certifiées Commerce équitable. Une sur trois est équitable dans les rayons de Carrefour, ce qui représente 18 millions de tonnes par an. Depuis quelques mois, Monoprix vend 100 % de bananes équitables. Voilà comment on passe de la niche à la norme. C’est ce que nous cherchons à faire sur tous nos produits », explique-t-il.

« Notre label amène une clarté pour le consommateur, lui indiquant que le produit vient du sud. Nous essayons de pousser la marge de revient pour les producteurs du sud à 10 % (aujourd’hui entre 7 et 8 %, ndlr). Pour le consommateur, cela ne changera pas grand-chose, mais pour le producteur, cela peut changer sa vie. Les marges des distributeurs ne différeraient pas beaucoup, et le produit ne serait à la fin pas forcément plus cher que les produits industriels qui ont beaucoup de frais publicitaires », conclut Blaise Desbordes.

La relance de la consommation en RHD

Les produits issus du commerce équitable sont vendus à 42 % en GMS, ce qui leur confère un poids important et stable sur ces dernières années. 30 % ont été vendus dans les boutiques bios en 2017, un pourcentage qui augmente chaque année. A contrario, 23 % des produits ont été consommés en restauration hors domicile (RHD), une tendance à la baisse ces dernières années. Pour contrer cette diminution, Commerce équitable France souhaite que le label soit reconnu comme étant un critère de qualité par la réglementation, au même titre que le bio.

On considère la restauration publique comme un sérieux levier

Ainsi, la restauration collective publique intégrerait des produits du commerce équitable dans ses menus, dans le cadre de sa montée en gamme et ses 50 % de produits de qualité d’ici à l’horizon 2022. « Nous considérons offrir une qualité sociale et environnementale, mais ce n’est pas encore le cas dans la loi. Nous sommes plutôt optimistes quant à cette histoire ; les députés se prononceront à ce sujet le 22 au plus tard. […] On considère la restauration publique et la RHD de manière générale comme un sérieux levier pour dynamiser le secteur », souligne Julie Stoll.

Pour développer le commerce équitable, les dirigeants réfléchissent aussi à mener des campagnes de sensibilisation dans les collèges, lycées et universités, moyennant une subvention des pouvoirs publics. Une nouvelle fois, l’optimisme est de mise. « Nous avons déjà contribué à changer les directives européennes pour une prise en compte de l’impact du produit sur l’environnement, donc nous restons positifs. Nous avons la chance d’avoir Nicolas Hulot en ministre », conclut Julie Stoll.

Demande d’une protection législative

« Aujourd’hui, certains industriels ont compris que les produits équitables faisaient vendre, donc ils écrivent “équitable” sur leurs produits pour ne pas avoir toutes les contraintes du label Commerce équitable », indique Julie Stoll, déléguée générale de Commerce équitable France. Les dirigeants de Commerce équitable France précisent travailler sur une allégation pour que la précision « équitable » et la certification Commerce équitable soient la même chose. « Nous devons protéger notre business », lance-t-elle. « La loi définit le commerce équitable en six fondamentaux, dont un prix juste, fixé selon les coûts de production, un engagement sur la durée, une prime collective et une obligation de traçabilité et de transparence. Ces contraintes sont lourdes et doivent être respectées par tous, pour protéger le label », conclut-elle.

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