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L'aquaculture enfin reconnue comme stratégique par la France



Longtemps délaissée au profit des autres usagers de l'eau et du territoire, l'aquaculture bénéficie d'un soutien politique en France depuis 2014. Les ambitions chiffrées dans le plan stratégique national pluriannuel attendent encore le programme opérationnel pour leur mise en œuvre. Les projets de R&D se mettent en place et les entreprises du secteur se consolident.

Stimulée par la réforme de la politique commune de la pêche au niveau européen, la France affiche depuis peu une ambition politique en faveur du développement de son aquaculture. État des lieux des réflexions stratégiques.

N « otre pays souffre d'une forte dépendance aux importations de produits de la mer, qui se situe à 80 % de notre consommation nationale. […] Le gouvernement veut réduire cette dépendance [aux importations] et renforcer notamment l'ambition aquacole de la France, dans le cadre d'un plan national pour le développement d'une aquaculture durable, qui vise à en faire un secteur stratégique dans les prochaines années », déclarait Alain Vidalies, secrétaire d'État chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche lors d'une communication en conseil des ministres le 4 octobre 2014. Ce constat et ce type de déclarations politiques ne sont pas nouveaux dans la filière, mais cette fois-ci les professionnels se montrent optimistes. Certes la France n'a connu aucune création de sites de production aquacole/piscicole en France depuis 1996, selon le Comité interprofessionnel des produits de l'aquaculture (Cipa), et la part du poisson d'élevage français dans la consommation apparente de produits aquatiques ne représente que 1,61 %. Mais les choses seraient vraiment sur le point de changer, veut croire la filière.

Un plan national pluriannuel

« L'aquaculture est un des piliers de la stratégie de croissance bleue de l'Union européenne et son développement peut contribuer à la stratégie Europe 2020 », écrivait la Commission européenne dans sa communication au Parlement européen en date du 29 avril 2013. Pour transformer cette déclaration en avancées concrètes sur le terrain, l'Union européenne a demandé aux États membres de rendre des plans nationaux pluriannuels couvrant la période 2014-2020. Présenté fin novembre au conseil national de la mer et des littoraux, le plan stratégique national pluriannuel de développement aquacole (PSNPDA), élaboré en concertation avec les professionnels, se donne des objectifs chiffrés ambitieux, du moins pour l'hypothèse haute.

Triplement de la production aquacole marine

Aucune création de sites en France depuis 1996

D'une production moyenne de 218 000 tonnes (sur 2007-2012, conchyliculture comprise), le plan table sur une montée en puissance de l'aquaculture d'ici à 2020 pour atteindre un volume compris entre 223 000 t (soit +2,3 %) pour l'hypothèse basse et 265 000 t (+21,5 %) pour l'hypothèse haute. « Les valeurs hautes sont sous conditions que certains des projets aquacoles d'enver-gure régionale, aujourd'hui, économiquement prêts, puissent être concrétisés, particulièrement en levant les blocages d'accès aux sites propices », écrit la direction des pêches maritimes et de l'aquaculture du ministère de l'Écologie. Selon le détail de l'hypothèse haute, le PSNPDA prévoit une progression de la conchyliculture à 190 000 t (+11,7 %), une augmentation de 28 % de la production de poissons d'eau douce à 55 000 t et une production aquacole marine multipliée par trois à 20 000 t. Le dossier a pris du retard, le programme opérationnel est encore en cours de rédaction par un comité État/Régions. Un projet a été transmis fin mars par l'État à la Commission européenne qui doit donner son avis sous trois mois. En parallèle, un travail de recensement des zones propices au développement du secteur avance dans les régions françaises (schémas régionaux de développement de l'aquaculture marine - SRDAM). « Certaines régions n'ont toujours pas transmis à l'État leur projet de schéma. Ce dossier avance lentement et a déjà pris beaucoup de retard (puisque l'échéance était fixée initialement à 2012). Les régions Poitou-Charentes, Aquitaine et Languedoc-Roussillon ont déposé leurs projets », souligne Véronique Ehanno responsable communication du Cipa. Instaurés par la loi de Modernisation de l'agriculture et de la pêche de 2010, ces SRDAM sont en cours dans les autres régions. Une fois ces travaux stratégiques aboutis, restera à régler la question d'une « meilleure conciliation des usages », souligne le ministère de l'Écologie, pour permettre un réel essor des aquacultures. Ce qui n'est pas la partie la plus facile...

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