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L'abattage soumis à un marché en pleine mutation

Derniers maillons de la filière œuf, les abattoirs de poules subissent les bouleversements de la production, et constatent une évolution des prix qui met leurs entreprises en péril.

Les abattoirs spécialisés dans la poule de réforme sont alarmistes. À 20 centimes le kilogramme départ élevage en moyenne depuis le début de l'année, ils payent les poules presque 30 % de plus que l'année dernière. À ces prix élevés, il faut ajouter des difficultés logistiques. Depuis la mise aux normes des cages, de nombreux petits élevages ont disparu, et les élevages moyens ont grossi. C'est souvent par lots de plus de 100 000 poules que les éleveurs réforment. Pour limiter les coûts de ramassage, ils font enlever ces poules en trois jours, voire deux. L'activité de l'abattoir connaît alors un pic, les employés doivent faire des heures supplémentaires. Puis plus d'offre. L'approvisionnement était régulier il y a encore deux ans, les petits éleveurs permettant de faire l'appoint entre les gros lots, mais ce n'est plus le cas.

Selon les abatteurs, l'offre n'a pas diminué. Les données d'Agreste vont dans ce sens, puisqu'elles es-timent à 25 millions les poules abattues en France sur les huit premiers mois de 2014, soit 1,1 % de moins qu'à la même période de 2013, mais 5,7 % de plus qu'en 2012. La tension sur les cours s'expliquerait davantage par la surenchère entre abattoirs. Quand Doux a connu des difficultés, les éleveurs étaient réticents à livrer leurs poules, craignant pour les paiements. Doux aurait dû, semble-t-il, assurer ses approvisionnements par des prix plus incitatifs, ce qui a engendré une première escalade.

Si la majeure partie des poules sont traitées par des abattoirs spécialisés (Socavol, Sara et Volailles du Poher, à eux trois plus de 500 000 poules par semaine), les abattoirs plurispécifiques ajoutent à l'incertitude. Alors que la filière volaille affiche des difficultés, si les besoins d'abattages en dinde ou poulet baissent, ces entreprises se rabattent parfois sur les poules de réforme pour faire tourner leurs outils. Aux variations par à-coups de l'offre s'ajoutent donc des besoins d'abattages ponctuels importants. Les abattoirs spécialisés tenteraient ainsi de faire tourner leurs outils au maximum lorsque les autres abattoirs ne sont pas sur le marché, ce qui maintiendrait une pression permanente sur les cours et les empêcherait de compenser les prix plus hauts l'hiver, par de meilleurs tarifs l'été pour atteindre un certain équilibre sur l'année.

En quête de revalorisation

Une partie des poules abattues est destinée à l'export, notamment vers l'Afrique subsaharienne. Ce marché est très sensible au prix, et la répercussion de la hausse des cours français est d'autant plus difficile que, depuis quelques an-” nées, les abattoirs polonais se positionnent sur ce débouché, avec une offre compétitive. L'industrie française n'est pas un secteur porteur, au contraire de celle du nord de l'Europe où les volumes français trouvent leur place malgré la différence de coût de production avec les Allemands.

Concurrence croissante des abattoirs polonais et allemands

Le marché du frais est saisonnier et dépend de la météo. Mais selon les opérateurs, le nouveau pavillon de la volaille à Rungis dynamise vraiment les échanges. Enfin, le marché de la restauration hors foyer fait grise mine. D'une part le chiffre d'affaires du secteur, et donc ses besoins, recule sous l'effet de la crise, de l'autre, la part des volailles importées ne cesse d'augmenter. V. Pinson

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