International
La Russie s’attaque au marché du bio
L’embargo a permis à la Russie d’augmenter quantitativement sa production agricole. Désormais, elle veut aussi jouer la carte de la qualité et cherche une porte d’entrée sur le bio.
L’embargo a permis à la Russie d’augmenter quantitativement sa production agricole. Désormais, elle veut aussi jouer la carte de la qualité et cherche une porte d’entrée sur le bio.
Une délégation d’une vingtaine de personnes a fait le voyage depuis la Russie jusqu’au Space, à Rennes. But avoué, développer les échanges avec la France. Les besoins de la Russie sont surtout de l’ordre du transfert de connaissances et de formation. La délégation s’intéressait aussi à la génétique française ou au matériel de production spécifique. À l’inverse, le potentiel de la Russie pour la production de céréales et oléagineux pour l’alimentation animale bio peut intéresser les filières françaises, notamment en volaille ou en porc, dont c’est justement un des facteurs limitant de développement.
Les Français ne doivent pas trop nourrir d’illusions sur leurs propres exportations de produits biologiques, la demande est très limitée en Russie, et les besoins en produits haut de gamme tendent même à se tasser. Sans parler de l’embargo russe et des aléas politiques qui sont des obstacles considérables.
Une agriculture bio balbutiante
Selon Serguey Korshounov, président de l’Union russe de l’agriculture biologique, il n’y a en Russie que 70 exploitations qui détiennent la certification bio européenne, une centaine d’autres est en conversion ou aux normes bios locales. Si les exploitations sont peu nombreuses, il faut en revanche garder à l’esprit que leur structure est bien différente des fermes françaises. Stanislav Gouriev, directeur général de Sibbioproduct au centre de la Russie, explique que son exploitation dispose de 50 000 hectares de fonds foncier, dont 35 000 sont certifiés bios et 15 000 en conversion.
Sibbioproduct produit des cultures fourragères, comme le pois, l’orge ou le triticale, et démarre cette année l’avoine sans gluten, les huiles de colza et de lin ainsi que les tourteaux qui en découlent. Le tout est destiné à l’exportation, notamment vers les Pays-Bas, le Royaume-Uni ou l’Europe de l’Est.
Un potentiel immense
Pour Serguey Korshounov, le bio en Russie est à une étape clé. Au 1er janvier 2020 va s’appliquer une loi signée en 2018 qui fixe les standards de production bio nationaux afin de pouvoir développer les filières locales. Certaines régions, comme celle de Belgorod, capitale agricole de la Russie, aident déjà les producteurs par exemple en participant aux frais de certification. La région a entamé un programme de « biologisation » des terres, avec une baisse des antibiotiques et des pesticides et près de 700 000 ha pourraient être convertis rapidement si la demande est au rendez-vous.
Mais si le cahier des charges du bio en Russie se définit, il ne possède pas encore d’équivalence systématique avec le bio européen. C’est l’organisme de certification Roskatchestvo qui est chargé du dossier. Sa dirigeante, Galina Shoutchenko, estime que la mise en conformité des standards russes avec les exigences européennes pourrait prendre un à deux ans. En attendant, les exportateurs doivent se plier aux contrôles européens. « Il y a trois fois plus de tests que pour les végétaux produits en Europe », tonne Stanislav Gouriev qui assure de la traçabilité et de la qualité de la production russe.
REPORTAGE | Cette ferme bio russe a exporté vers l’UE pour 15 millions d’euroshttps://t.co/ohmTWBt9HC pic.twitter.com/YO0zNYHAle
— Sputnik France (@sputnik_fr) September 11, 2019