La moutarde de Bourgogne attend son IGP
Il souffle un vent de renouveau dans la production de moutarde bourguignonne. Afin de poursuivre une marche en avant développée depuis dix ans, l’Association moutarde de Bourgogne vient de prendre en main le pilotage global de l’ensemble de la filière régionale, auparavant coordonné par la Fédération des industries condimentaires de France.
L’essentiel de la mission consiste à mettre en relation les différents acteurs de la production, à développer les programmes de recherches, mais surtout à suivre le dossier de labellisation de l’indication géographique protégée (IGP) initiée en 1998 par l’association. En préambule, le référentiel de certification de conformité a été agréé en janvier 2003, permettant de déposer la demande d’IGP. Après validation du dossier par le comité national en juin 2004, les professionnels espèrent un accord européen à l’horizon 2008. « Cette labellisation nous permettra évidemment de protéger l’appellation, mais surtout de développer la filière par des moyens de communication accrus en direction des consommateurs, mais également des agriculteurs », explique Cécile Déchelotte, chargée de missions à l’Aria Bourgogne.
La filière a lourdement souffert de la concurrence de la culture de colza, qui est proche de celle des graines de moutarde d’un point de vue agricole mais qui bénéficie de meilleures subventions accordées dans le cadre de la PAC.
Développer la production
L’obtention de l’IGP donnera à l’association un poids supplémentaire pour relancer les négociations en vue de meilleures aides européennes, et ainsi de convaincre de nouveaux agriculteurs. Aujourd’hui, seule la recette de la moutarde de Dijon est protégée. Il n’existe aucune exigence géographique pour les ingrédients. Près de 95 % de la production de moutarde française est réalisée à base de graines importées du Canada.
Le développement d’une moutarde labellisée permettra aux industriels de diversifier leurs sources d’approvisionnement. « Nous n’avons pas pour ambition de concurrencer la moutarde de Dijon, tempère Cécile Déchelotte, mais de proposer un produit plus haut de gamme. » L’objectif de production de graines est fixé à 5000 tonnes pour 2008, contre 1600 pour l’exercice 2006.