La grande distribution veut créer « une dynamique commerciale »
Faute de Daniel Bernard, le pdg de Carrefour étant retenu à la dernière minute, c’est Jérôme Bédier qui a mené la discussion hier matin, lors d’un débat organisé pâr nos confrères de LSA intitulé « Inflation ? Déflation ? La vérité sur les prix ». La manifestation, fixée depuis longtemps, ne pouvait mieux tomber, une semaine après l’appel de Nicolas Sarkozy en faveur d’une baisse des prix des PGC de 3 % en septembre, assortie d’un recul additionnel de 2 % d’ici 2005. Lors de son intervention, le président de la FCD (Fédération du Commerce et de la Distribution) s’est félicité que la proposition du ministère « soit dans la droite ligne de la recommandation ANIA-FCD, bien qu’elle soit plus ambitieuse et plus rapide».
Devant la sensibilité de l’opinion face aux augmentations de prix post-euro et aux polémiques récentes sur le pouvoir d’achat, la FCD est apparemment désireuse de créer « une dynamique commerciale » avec les industriels pour parvenir aux objectifs fixés par Bercy. Jérôme Bédier n’en a pas moins défendu son point de vue : « Arrêtons de dire que l’inflation est du fait de la grande consommation. C’est peut-être symbolique ou visible, mais n’exagérons pas». Si globalement le non alimentaire voit ses prix baisser, tout comme les MDD et les 1ers prix qui se livrent une guerre des prix par le bas, force est de constater que les grandes marques ne suivent pas cette tendance.
« Des hausses peuvent être justifiées »
Un problème bien réel pour M. Bédier qui défend néanmoins certaines hausses de prix. « Sur les produits de grandes marques les industriels doivent communiquer, car il y a des hausses qui peuvent être justifiées » a-t-il expliqué. Si les prix étaient l’objet du débat, celui-ci s’est déplacé, actualité oblige, sur le terrain des propositions de M. Sarkozy. Évoquant la suppression des accords de gamme, le président de la FCD s’est prononcé, sur le principe, pour leur limitation. Des bonnes intentions plus difficilement affichées en ce qui concerne la diminution des prix de 3 % pour les PGC, estimée à 100 M Eur de marge nette en moins pour Carrefour, et jusqu’à 50 % de cette marge pour certains hypers. La demande semble en tout cas mal tomber au moment où la profession doit faire face à « une hausse de 168 % de la taxe au m2 » selon le président de la FCD, qui défend également sa marge. « Quand on ne marge plus en avant car on se rapproche du prix de vente public, nous avons besoin de la marge arrière. Car ce qui nous intéresse, c’est la marge globale, qui n’a pas tellement augmenté» commente M. Bédier, qui ajoute trouver là « un vrai sujet de réflexion». Une réflexion peut-être, mais qui va devoir être rapide. Faute d’accord entre les industriels et les distributeurs d’ici septembre, Bercy imposerait alors ses vues. Et sans concertation.