« La filière bovine doit faire émerger de nouvelles valorisations des viandes issues du cheptel allaitant »
Pierre Halliez, directeur général du Sniv-SNCP.
Les Marchés Hebdo : La FNB dénonce un dysfonctionnement des cotations, qu'en pensez-vous ?
Pierre Halliez : Nous sommes conscients que les éleveurs du troupeau allaitant et que les éleveurs-engraisseurs en particulier rencontrent de graves difficultés économiques. Pour les éleveurs, comme pour les maillons en aval de la filière confrontés à une pression économique des grandes centrales d'achat et une concurrence sans complaisance à l'export, cette situation est intenable. Concernant les cotations, le système a été réformé il y a deux ans à la demande de la FNB. Cette réforme a débouché sur la mise en œuvre d'un cahier des charges contraignant pour les abattoirs. En deux ans, les contrôles de l'administration n'ont pas mis en évidence de dysfonctionnements majeurs. Quoi qu'il en soit, les abattoirs vont collaborer avec les services de l'État. Mais la question de la valeur d'un produit ne se réduit pas à celle des cotations. Pour le Sniv-SNCP, la filière bovine doit faire émerger des solutions, notamment sur de nouvelles valorisations des viandes issues du cheptel allaitant.
LMH : Le ministre appelle à un sursaut collectif de la filière en matière de qualité de la viande notamment. Quelles sont vos propositions ?
P. H. : Nous nous sommes mobilisés pour que l'interprofession bovine remette à jour une grande étude sur les attentes des consommateurs. Les résultats sont attendus pour début juin. La filière a mis en place en décembre dernier, pour les viandes vendues au rayon libre-service en GMS, un nouvel étiquetage : regardons si cela a un impact sur les comportements d'achat. Au rang des propositions, il saute aux yeux que la filière doit se pencher sur la structuration de son marché. En RHD, 10 % seulement des viandes servies sont françaises. Mais attention de ne pas se laisser enfermer dans le piège des viandes locales qui est la première demande des élus. On risque d'y perdre toute la compétitivité que l'on pourrait très bien proposer avec une offre de viande bovine française.
LMH : Que se passe-t-il sur le front de l'export ?
P. H. : 94 % des 226 000 t des viandes exportées par la France le sont dans l'UE. Sur les pays tiers, de nombreuses exigences de nature diplomatique ou sanitaire sont à prendre en compte, sans compter les contraintes techniques, rituelles ou autres. Et la croissance de la demande mondiale se joue dans un contexte où la compétitivité arbitre une guerre économique terrible. La filière viande française doit pouvoir s'appuyer sur une organisation – associant les pouvoirs publics et les professionnels – unitaire, déterminée, cohérente dans ses priorités et rigoureuse dans son approche.