La baisse du réal accroît la compétitivité du Brésil
Pour l'heure, ce sont les pays voisins du Brésil qui font les frais de la dévaluation du réal (-33 % par rapport au dollar depuis septembre dernier), l'Argentine en tête dont le Brésil est le premier marché à l'export en poire, pomme, riz, poisson, olive, ail et oignon. Et les exportateurs argentins de volailles disent déjà perdre des marchés à l'international au profit des Brésiliens. Le peso argentin n'a pas suivi le mouvement mondial de dépréciation des monnaies et le cabinet d'étude Finsoport prévoit cette année 2,3 milliards de dollars de pertes pour l'ensemble du secteur agricole argentin du seul fait de la chute du réal.
Selon la direction générale du Trésor français, le réal est la quatrième monnaie qui s'est le plus dévalorisée dans le monde face au dollar en 2015. Une dépréciation inférieure seulement à celles du naira nigérian, de la couronne suédoise et du dollar canadien. Au-delà de la politique monétaire menée par la Réserve fédérale des États-Unis, ce mouvement est imputable, au Bré-sil, au pessimisme des marchés en lien avec la crise de Petrobras, la première entreprise du pays au cœur du cas de corruption le plus important de l'histoire du pays.
La croissance brésilienne en panne depuis deux ansLa Banque centrale du Brésil relève régulièrement son taux d'intérêt de référence (Selic) depuis octobre dernier pour contrer cette dévaluation qui obéit aux lois du marché. Mais la croissance brésilienne est bien en panne depuis deux ans. Si la consommation des ménages se maintient, l'investissement recule et les indicateurs de la production industrielle pâlissent. Sans nul doute, la forte dépréciation du réal accroît la compétitivité des aliments du Brésil à l'export. Celle de l'euro par rapport au dollar atténue cet effet, mais les exportations du Brésil devraient en principe augmenter, en particulier celles de poulet.
Hausse attendue des exportations de viandeSelon Eurostat, les échanges de l'UE avec le Brésil représentent un peu plus de 2 % du commerce extracommunautaire et le géant sud-américain est devenu à partir de 2013 l'un des dix premiers partenaires de l'UE. Les exportations de l'UE vers le Brésil sont pour 86 % des biens industriels, tandis que les importations européennes d'origine brésilienne sont des matières premières à 68 %. De fait, l'UE importe du Brésil plus de 10 milliards d'euros d'aliments par an en moyenne depuis 2012. La balance commerciale est excédentaire en faveur de l'UE depuis cette année-là.
La situation est plus accentuée encore dans le cas de la France dont l'excédent avec le Brésil a dépassé les 2 milliards d'euros en 2012. En comparant les données d'Eurostat relatives aux importations européennes d'aliments du Brésil en 2013 et 2014 (voir graphique), on note une stabilité des envois de bœuf, de 65 800 t en 2013 à 66 900 t en 2014 ; une légère baisse de ceux de viande de volaille ; une hausse des exportations de café ; et une chute bru-tale de celles de maïs grains, de 2,42 Mt en 2013 à 755 000 t en 2014. La baisse de valeur générale des céréales et la dévaluation du réal devraient tendre à augmenter les volumes de viandes brésiliennes exportées vers l'Europe jusqu'à la fin de l'année.