Produits laitiers
Japon : quelles opportunités pour les fromages français ?
Les Japonais apprécient beaucoup les fromages, mais leur production ne couvre que 13 % de leur consommation. Friands de nouveautés et curieux, ils s’intéressent beaucoup aux fromages français.
Les Japonais apprécient beaucoup les fromages, mais leur production ne couvre que 13 % de leur consommation. Friands de nouveautés et curieux, ils s’intéressent beaucoup aux fromages français.
Les importations japonaises de produits laitiers sont très centrées sur le fromage, à près de 300 000 tonnes l’an dernier, loin devant le lactose, environ 80 000 tonnes, selon des données présentées par Jean-Marc Chaumet, agroéconomiste à l’Idele lors d’un récent webinaire organisé par Business France. La moitié des envois français de produits laitiers vers le Japon sont d’ailleurs des fromages.
Les envois de fromages plombés par la pandémie
Pour Agnès Caspar, export manager à Interval, agence d’exportation de produits laitiers, le fromage français est synonyme pour les Japonais de haute gastronomie, de qualité ; ils l’apprécient beaucoup. Néanmoins, l’année 2020 a été dure, « nos circuits de distribution, notamment les grands magasins, ont été malmenés avec la pandémie et les ventes ont chuté », explique la jeune femme. Les importations japonaises de fromages ont reculé de 4 % dans leur ensemble. Les ventes françaises n’ont baissé que de 2,61 %, nuance Business France. Le marché japonais reste difficile d’accès. Ainsi, il faut être en mesure de fournir des résultats bactériologiques. Plus aléatoire, le quota de fromages à pâte molle est soumis à tirage au sort, « nous pouvons installer un produit sur le marché une année et tout perdre celle d’après », regrette la responsable export.
Agnès Caspar évoque un début 2021 assez difficile : « Dorénavant, nous faisons face à de fortes contraintes logistiques et une explosion des coûts du fret aérien. » Les modes de commercialisation des produits devraient aussi évoluer dans le sillage de la pandémie, « il est difficile de faire goûter, il faut se réinventer pour communiquer », explique-t-elle. Autre changement fondamental, celui des modes de vie. La crise sanitaire a exacerbé le retour au télétravail, une pratique auparavant très peu répandue qui a séduit les travailleurs qui ont souvent plusieurs heures de trajet quotidiennes. Il est donc possible qu’il se banalise et que les magasins de centres-villes soient moins fréquentés. L’enjeu sera alors d’être référencé dans les magasins des quartiers résidentiels ou de mieux investir le commerce en ligne.
Un traité de libre-échange aux effets limités pour le moment
En 2020, l’Union européenne et le Japon ont signé un accord de libre-échange. « Cela n’a pas vraiment eu d’effet, puisque la baisse des droits de douane est dégressive, et pour le fromage, l’effet ne sera net que dans plusieurs années. Néanmoins, en lien avec ce traité, il y a eu beaucoup d’évènements, et c’est la meilleure façon de communiquer auprès des Japonais », décrypte Agnès Caspar. Un autre atout des fromages français réside dans l’alliance avec les vins. Loic Gavet, du bureau Business France de Tokyo, évoque ainsi une forte appétence des Japonais pour ce commerce croisé. La France a une position forte sur le marché haut de gamme, avec cinq de ses fromages dans le top dix des préférés des amateurs, le comté (no 1), l'époisses (no 4), le beaufort (no 5), le sainte-maure (no 8), le roquefort (no 9) et l’ossau-iraty (no 10). Avec ses nombreuses variétés de fromages encore inconnues au pays du Soleil levant, elle a de quoi satisfaire la curiosité des Japonais pour encore de nombreuses années.