Grande distribution: un modèle ébranlé
La grande distribution se recentre sur les produits alimentaires, voilà ce qui est principalement ressorti d'une étude Insee diffusée le 4 juin et portant sur l'étude des ventes du secteur depuis 1997. En 2014, deux tiers des ventes dans les hypermarchés concernaient les produits alimentaires, un peu moins d'un quart le non alimentaire et 10 % le carburant. La répartition était également de 10 % pour le carburant, mais de 60 % pour l'alimentaire et 30 % pour le non alimentaire, seulement dix ans plus tôt. Un constat qui montre à nouveau l'enjeu crucial de l'alimentaire pour la grande distribution et explique la guerre terrible que se livrent les enseignes sur le secteur. Une guerre dont le dernier épisode date du 5 juin avec l'annonce de l'alliance entre E.Leclerc et l'Allemand Rewe (ou plutôt de retrouvailles constructives) et le retour de ce dernier dans Coopernic. Il fallait s'y attendre, E.Leclerc n'allait pas rester longtemps sans réagir face aux regroupements de ses concurrents français… Le distributeur doit aussi contrer une situation que l'étude Insee montre très bien : le tassement de la croissance du chiffre d'affaires des grandes surfaces depuis 2003, renforcé par la crise de 2008. Phénomène dû à une baisse des ventes du non alimentaire (depuis 2009), mais aussi à une décélération de celles de l'alimentaire. Face à la multiplication des canaux de distribution, au retour des petits commerces et des circuits courts, la grande distribution doit revoir son modèle qui n'est plus aussi lucratif qu'avant. Michel-Édouard Leclerc parle sur son blog d'engagements dans le développement durable, les économies d'énergie, la logistique efficiente, l'économie numérique et l'optimisation de la gestion des relations clients. L'enseigne française et son allié allemand travailleront aussi sur des projets en lien avec le développement du segment bio, les activités touristiques, les importations, l'électro-mobilité et l'énergie. Mais pour l'heure, le nerf de la guerre reste le prix d'achat des marques alimentaires. Les distributeurs n'ont toujours rien trouvé d'autre pour financer leurs réformes... N. Marchand