Gaucho : le maïs français moins compétitif ?
Mardi midi, les semenciers se doutaient qu’ils jouaient leur dernière carte (lire LM d’hier). Quelques heures à peine après avoir alerté les medias sur les conséquences d’une interdiction du gaucho sur le maïs, le ministre de l’Agriculture annonçait la décision qu’ils redoutaient. Après avoir saisi la ComTox, M. Gaymard s’est finalement rallié à son avis, selon lequel « le risque pour les abeilles reste préoccupant ». Bayer CropScience, fabricant du Gaucho, a immédiatement déploré « que cette décision ait été prise sans tenir compte de l’étude multifactorielle en cours et de la mise en place des zones d’observation des ruches», une mesure également réclamée par les OPA. Bayer s’étonne également de la volte face du ministère, dont le dernier examen début 2003 s’était avéré positif. Brandie comme une menace pour l’environnement par les semenciers, la suspension du Gaucho pourrait avoir d’autres conséquences plus ou moins importantes.
Les semis 2004 réalisés
Pour Christophe Terrain, président de l’AGPM (Association Générale des Producteurs de Maïs), il n’existe plus d’alternative aux traitements de semences, ce qui rend « impossible la protection à brève échéance du maïs français » sans Gaucho. L’impact sur les rendements est chiffré « à une perte de 540000 quintaux en équivalent maïs grains» par l’AGPM. L’association estime également que plus de 100 000 ha seraient touchés. « Économiquement parlant, nous devrons avoir recours à une délocalisation de la production. Par exemple en important du maïs en provenance des Pays de l’Est» révèle M. Terrain.
Dans les faits, la suspension du Gaucho n’interviendra qu’à partir de l’année prochaine, les semis 2004 ayant déjà été réalisés. Elle pourrait même n’être que temporaire, le Gaucho faisant l’objet d’une réévaluation au niveau européen. Le dossier de l’imidaclopride, (la substance active), devrait être soumis à la Commission en 2006. Si Bruxelles décide finalement de l’autoriser, la France n’aura d’autre choix que de s’y plier. En attendant cette échéance, les OPA devront faire preuve de patience. Ou trouver des alternatives à l’enrobage des semences.