Euralis encaisse les difficultés et conforte ses positions
Une diminution de 34 millions d’euros du chiffre d’affaires brut de la coopérative Euralis et de ses filiales au titre de l’exercice 2016-2017 (clos le 31 août 2017) ; tel aura été le manque à gagner causé par trois difficultés. La première : l’influenza aviaire. L’exercice est affecté par deux épisodes de ce fléau dans le Sud-Ouest. Une baisse de 22 millions d’euros est attribuée aux mesures d’abattage et à la baisse des activités volailles et canards gras, au détriment notamment du foie gras Montfort à Noël 2016 et des ventes d’aliments. Deuxième difficulté : le temps sec qui a affecté les récoltes d’automne en 2016, ayant fait perdre à la coopérative 10 millions d’euros. Enfin, les vignerons, touchés par le gel, ont réduit de 2 millions d’euros leurs achats d’agrofourniture et de services.
Au regard d’un chiffre d’affaires brut de 1,42 milliard d’euros, une baisse de 34 millions d’euros semble bénigne. Ces aléas en cause et quelques autres ont fait reculer de 3 % le chiffre d’affaires des pôles agricole et alimentaire (à eux deux 1,15 Md€). Cette baisse est en partie compensée par l’augmentation de 6 % du chiffre d’affaires du pôle semences (213 millions d’euros). En augmentant significativement ses ventes en Europe de l’Est et en Russie, le pôle semences a réduit son stock et fait bondir le résultat d’exploitation du groupe.
2 millions de canards n’ont pu être produits
En optimisant ses achats et continuant à économiser, Euralis est parvenu à maintenir sa performance opérationnelle. Son Ebitda, proche de 48 millions d’euros, « se situe en dessous des objectifs, mais constitue une performance au vu d’un contexte particulièrement difficile », dit le communiqué des résultats.
Quand ils soumettront ces comptes à l’approbation de l’assemblée générale de la coopérative le 9 février prochain, les dirigeants du groupe détailleront les méfaits de l’influenza aviaire. Le vide sanitaire de 2016-2017 dans le Sud-Ouest a concerné 200 éleveurs de canards et 130 éleveurs de volailles label Rouge. Il a mis en activité partielle 180 salariés à l’usine de transformation de Maubourguet (Hautes-Pyrénées). 2 millions de canards n’ont pu être produits.
Dans le Sud-Ouest, la production des adhérents est tombée de 3,3 millions en 2015-2016 à 1,8 million en 2016-2017. Et les approvisionnements des pays de la Loire et de Bretagne sont passés de 4,5 millions de canards en 2015-2016 à 4 millions. Tandis que la production de volailles des adhérents reculait de 900 000 unités.
En dépit des investissements réalisés, le résultat d’exploitation du groupe est remonté, faisant passer en valeur positive le résultat net.
Exploitations fragilisées
Le président d’Euralis, Christian Pèes, mettra en avant à l’assemblée générale les efforts réalisés pour soutenir les adhérents. « Depuis trois ans, les exploitations des coopérateurs sont fragilisées par des crises successives et des marchés orientés à la baisse », souligne-t-il dans le communiqué des résultats financiers. L’élu affirme que les équipes d’Euralis « sont totalement mobilisées pour accompagner les éleveurs de canards gras dans la mise en place des nouvelles normes de biosécurité ».
Il se félicite de la mise en place d’une filière de soja du Sud-Ouest destinée à l’alimentation animale autour de l’usine de trituration Sojalim à Vic-en-Bigorre. Cet outil a été monté avec le Groupe Avril, en association avec le distributeur Carrefour et le groupe coopératif porcin du Sud-Ouest Fipso, pour développer des filières d’élevage consommatrices de soja d’origine française. Ainsi, 600 coopérateurs d’Euralis cultivent 6 000 hectares de soja sans OGM. La capacité de trituration de Sojalim est de 25 000 tonnes, chaque tonne de soja donnant 800 kilogrammes de tourteaux et 180 litres d’huile. Un tonnage de 5 000 tonnes de graines de soja bio est prévu.
Euralis promeut par ailleurs l’agriculture durable en encourageant la diversification et à travers une démarche vers la « ferme du futur ». Des couverts végétaux sur 15 000 hectares ou des drones survolant des champs de haricots verts préfigurent cet avenir.
Teyssier en complément de Jean Stalaven
Pierre Couderc, directeur général d'Euralis, exposera quant à lui la nécessité d’accélérer les transformations. Le groupe coopératif a investi 4,5 millions d’euros dans le soutien aux producteurs dans la mise en place des mesures de biosécurité. Il va de surcroît aider une trentaine d’éleveurs et de gaveurs à réaliser 5 millions d’euros d’investissement dans leur élevage.
La rentabilité du pôle industriel d’Yffiniac, dans les Côtes-d’Armor, siège des marques Jean Stalaven pour les commerces de proximité, et de Qualité Traiteur, en grande distribution, n’est plus à démontrer. Les ventes dans le circuit de la boucherie, charcuterie, traiteur (BCT) progressent de 5 %. L’exercice a été marqué par l’acquisition de la société Teyssier en Ardèche. Cette PME labellisée Entreprise du patrimoine vivant produit des jambons secs, saucissons et charcuteries cuites haut de gamme. Elle a réalisé 35 % de croissance du chiffre d’affaires au cours des cinq dernières années.
Teyssier vient renforcer la présence de Jean Stalaven en salaisons sèches et, sur le plan géographique, dans le quart Sud-Est.
Foie gras : Rougié progresse à l’étranger
Alors que le marché japonais du foie gras s’est fermé au cours de l’exercice 2016-2017, « les ventes ont progressé de 3 % en valeur à l’étranger », mentionne Pierre Couderc, directeur général d’Euralis, soulignant que cette croissance en année normale est supérieure. Elles ont progressé de 80 % en Chine, marché approvisionné par la filière locale (1 million de canards produits en année normale), et continué de croître en Amérique du Nord (atteignant +40 % en 3 ans), marché approvisionné du Canada. La production bulgare du groupe a souffert de l’influenza comme la production française. Elle a été réduite de moitié. Ordinairement, la production bulgare approvisionne les marchés européens et des pays musulmans. En 2016, elle avait ponctuellement approvisionné le Japon. Euralis exporte sous la marque Rougié.