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Commerce des vins : un accord inacceptable ou raisonnable ?

Les négociations ont tourné à l’avantage des Américains, notamment sur les pratiques œnologiques. Car le débouché américain est un marché stratégique.

L’an dernier, alors qu’il présidait encore la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux, Patrick Ricard avait été interrogé sur l’évolution des négociations entre l’UE et les États-Unis sur le commerce du vin entre les deux partenaires. Il déclarait alors en substance : il vaut mieux un mauvais accord que pas d’accord du tout... Le communiqué diffusé par la FEVS à l’annonce de l’accord qui vient d’être conclu le qualifie de « raisonnable », alors que la Fédération des coopératives vinicoles le juge « inacceptable en l’état » (voir LMs du 21 septembre).

Les Coopératives vinicoles y voient le risque, par la reconnaissance des pratiques américaines de vinification qui vont au-delà de celles reconnues par l’OIV, de la « remise en cause de la définition même du vin». Alors que la FEVS estime que l’accord permet de régler la question des pratiques œnologiques, différentes entre les deux partenaires, en particulier par la reconnaissance des pratiques existantes et la mise en place d’une procédure de consultation, préalable à l’adoption de nouvelles pratiques.

Il est vrai que les milieux du négoce en général ne seraient pas opposés pour nos propres vins à une certaine « modernisation » de notre production par le recours à des pratiques jusqu’alors interdites… Il est vrai aussi qu’au cours des 20 années depuis lesquelles pataugeaient les négociations sur le sujet, les vins américains accédaient au marché européen à coup de dérogations successives tous les deux ou trois ans. Sur ce point précis, l’accord met donc fin à une situation ambiguë entretenue dans une atmosphère procédurière. Sur le second point essentiel de l’accord, la reconnaissance de nos indications, les négociateurs américains s’en sortent mieux que leurs interlocuteurs.

Ils acceptent le principe de la propriété intellectuelle pour l’avenir en s’engageant à ne pas introduire de nouveaux semi-génériques locaux portant des noms d’AOC (Champagne, Bourgogne, Chablis…). Mais pour les 17 existants, la liste n’est que gelée et la concurrence des marques américaines parées des noms de nos AOC persistent, même si dans les points de ventes aux Etats-Unis l’origine locale ou importée est clairement signalée.

Fondamentalement, l’accord (qui fera l’objet d’une deuxième phase de négociations) tourne à l’avantage des Américains. Pouvait-il en être autrement, compte tenu des pressions commerciales dont disposent les Etats-Unis, ne serait-ce que par l’application de nouvelles mesures techniques d’analyse et de certification applicables aux vins importés outre-Atlantique. D’autant que les Etats-Unis sont nos premiers clients en valeur de vins et spiritueux, avec 1,6 milliard d’euros en 2004, soit 21 % de nos exportations. C’est un argument qui pèse lourd dans la conjoncture actuelle. En espérant que la deuxième phase de négociations permettra d’améliorer l’accord dont les avantages immédiats ne doivent pas totalement masquer les risques à venir.

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