Codex : la fin du fromage « laitier »
Le comité laitier du Codex alimentarius, qui fixe les normes internationales des procédés et des produits, s’est réuni en Nouvelle-Zélande. A la surprise générale, il a prononcé une modification de la définition du fromage, la norme A6, qui était dans la ligne de mire des Américains, adversaires des camembert et autres Livarot qu’ils jugent « malodorants ». C’est néanmoins la Malaisie qui a tout fait basculer. Grand producteur d’huile de palme, elle a obtenu du Comité qu’il donne son accord pour que l’on puisse appeler « fromage » des produits contenant essentiellement de la matière grasse végétale. Les producteurs de palme espèrent en tirer bénéfice en inondant le marché mondial d’une matière première végétale à bas prix. Les industriels américains ont vivement soutenu cette mesure qu’ils jugent « salutaires » pour l’atmosphère mondiale. Cette modification permettra accessoirement à quelques industriels occidentaux peu scrupuleux de relancer un marché des fromages qui tend à s’essouffler. «Ca va optimiser le mix nutritionnel-santé du fromage, tout en préservant son imaginaire riche en calcium », a expliqué un spécialiste du marketing. Les dirigeants du Codex craignent néanmoins que cette mesure ne suscite quelques troubles sociaux chez les éleveurs laitiers, privés d’un lucratif débouché. Des propositions de délocalisation en Asie du Sud-Est et de conversion à l’activité de transformation de soja ou de palme leur seraient proposées.