Cheval de bataille
La filière bovine française n’avait pas besoin de ça. L’affaire de la viande de cheval dans les lasagnes Findus jette un nouveau parfum de scandale sur la viande… au pire moment. Les professionnels qui terminent tout juste un travail d’introspection se réunissent le 20 février, pour exposer leurs 23 solutions communes face aux difficultés du secteur. Cette affaire, dont les médias se sont allégrement emparés depuis le week-end dernier, risque de perturber les débats de fond pourtant nécessaires et de ramener les professionnels à une gestion de crise dont ils sont malheureusement coutumiers. « Il ne faut pas que ce scandale jette le discrédit sur l’ensemble de la filière viande », s’est inquiété Dominique Langlois, président d’Interbev, dès le dimanche 10 février dans la presse (interview parue dans L’Alsace), affirmant que l’interprofession se porterait partie civile dans cette affaire. Mais les professionnels auront beau expliquer qu’il ne s’agit pas d’un scandale sanitaire (à la différence de l’ESB, la santé des consommateurs n’est pas mise en danger), la mise en lumière du circuit complexe d’approvisionnement de la viande pour la confection des plats cuisinés surgelés a objectivement de quoi perturber le consommateur. Findus, qui vante depuis plusieurs années les nombreuses vertus de sa marque (sans huile de palme, respect des ressources marines…), paiera au moins temporairement sa stratégie de production, basée fortement sur la sous-traitance. Cette affaire de malversation, que l’on espère isolée, doit au moins servir d’avertisseur. Ce n’est pas le moment de desserrer la vis en matière de sécurité sanitaire et de traçabilité, même pour améliorer la compétitivité des usines. L’enjeu est de taille : protéger la très bonne réputation de la viande française.