Aller au contenu principal

« C'est toujours notre revenu qui trinque ! »


> « Les marchés de la viande sont trop volatils, on ne peut pas anticiper », déplore Éric Vinatié, jeune éleveur de salers à Vèze, dans le Cantal.
Éric Vinatié, jeune éleveur de salers dans le Cantal, refuse de baisser les bras face à la crise actuelle, tout en reconnaissant qu'il est difficile de rester motivé en l'absence de rémunération de son travail.

En 2014, Éric Vinatié n'a rien gagné sur son exploitation de cent dix mères salers élevées à l'herbe. Il a même perdu de l'argent avec - 5000 euros de résultat comptable. Dur dans ces conditions de garder la foi quand on travaille 60 à 70 heures par semaine toute l'année, et que l'on a des crédits à rembourser… « Ce n'est pas motivant, admet ce jeune agriculteur installé depuis 2011 à Vèze, dans le Cantal. On fait naître des veaux, c'est une contrainte au quotidien, et quand on s'investit comme on s'investit, on attend au minimum une rémunération à la hauteur de notre travail. » Tout en refusant de baisser les bras, « il n'est pas question de faire autre chose et de se dire tout est foutu ! » Pour Éric Vinatié la situation n'est pas simple à analyser. « Quand j'ai fait mon étude prévisionnelle à l'installation, mon revenu se situait au-dessus de la moyenne des élevages allaitants, soit plus de 15 000 euros par an. Quatre ans après, ce n'est pas du tout ça », commente-t-il. En cause, évidemment, le prix de la viande en baisse depuis deux ans, mais pas seulement, estime l'éleveur. « Les marchés sont trop volatils, on ne peut pas anticiper, regrette-t-il. Ce printemps par exemple, il manque de la marchandise, et les broutards salers se vendent donc très cher : 2,80 euros le kg vif, au lieu de 2,30 ou 2,40 euros le kg. Tant mieux pour ceux qui en ont, mais cela ne bénéficie pas à la majorité. On travaille sur du vivant, quand les veaux qu'on nous réclame (moins de 300 kg et moins d'un an, ndlr) sont prêts, ils doivent partir. »

Le prix des concentrés est toujours aussi élevé

À cette variabilité du prix des produits, subie et non maîtrisable, s'ajoutent des coûts de production régulièrement en hausse. Les céréales et le baril de pétrole ont baissé ? « Le prix des concentrés est toujours aussi élevé, et mes charges de carburant, environ 15 000 euros par an, n'ont pas bougé, s'indigne Éric Vinatié. Les charges vont toujours dans le même sens, et en parallèle, on nous demande d'investir toujours davantage pour nous mettre aux normes, renouveler notre matériel… Inutile de dire que quand, en plus, le prix de la viande baisse comme en ce moment, il n'y a rien pour compenser. C'est l'effet de ciseau et c'est toujours notre revenu qui trinque ! »

Diversifier les débouchés

Sur le fil en permanence, sans possibilité de dégager du cash pour renflouer les trésoreries, le moindre aléa – et il y en a en agriculture – devient un cauchemar. Sécheresse, dégâts de rats taupiers, « l'année dernière, à cause de la grêle, je n'ai récolté que 25 % de mon stock fourrager, illustre l'éleveur. Alors, quand on doit acheter 25 à 30 000 euros de marchandise, le revenu en prend forcément un coup. Il faudrait pouvoir mettre de l'argent de côté pour faire face à ce genre d'imprévu, mais on n'y arrive pas, car même quand les cours sont hauts, ils ne tiennent pas. » Pour tenter de s'en sortir, le jeune agriculteur diversifie ses débouchés : en plus des broutards, il vend des génisses de renouvellement et engraisse une douzaine de femelles par an qu'il écoule en vente directe.

Les plus lus

entrepreneurs français en ukraine
Volaille en Ukraine : « Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une forte pénurie de main d’œuvre »

Au début de la guerre en Ukraine, l’activité a fortement été perturbée. Témoignage d'un entrepreneur français…

un graphique avec une courbe, sur fond de grains de colza, soja et tournesol
Les prix du tournesol flambent avec la mauvaise récolte

Comment ont évolué les prix des oléagineux ces 7 derniers jours ? Les journalistes de la Dépêche-Le petit Meunier vous…

La cotation spot Atla du beurre cube dépasse un record historique
Prix du beurre : à près de 8 200 €/tonne, un record historique battu

La cotation Atla du beurre spot a dépassé cette semaine la barre des 8 000 €/tonne pour la première fois depuis sa création.…

vaches dans les champs
Viande bovine : « Il faut financer un maillage territorial des abattoirs » pour la FNH

La Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH) le dit sans tabou : la filière bovine est enlisée dans une crise économique…

un bureau avec des oridnateurs, des mains, vue de haut, du café
Egalim 4 : les 5 propositions des députés en charge de l’évaluation de la loi

Les ex-députés de la majorité Anne-Laure Babault et Alexis Izard avaient fini leur mission d’évaluation d’un potentiel Egalim…

vignette infographie
Agroalimentaire : la balance commerciale française se dégrade, le point en infographie

Le solde de la balance commerciale de la France pour les produits agricoles et alimentaires s’est dégradé en 2023, tout en…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio