Aller au contenu principal

Brebis : le fromage résiste, l’ultra-frais recule

Le succès des produits ultra-frais au lait de brebis s’est tassé, mais les fromages de cette catégorie résistent très bien et recrutent de nouveaux acheteurs.

Les produits au lait de brebis recrutent de nouveaux acheteurs. “Mais la tendance est très différente entre les fromages et l’ultra-frais, en difficulté depuis plusieurs années”, précise Lætitia Houdoyer, consultante Senior Kantar division Worldpanel. La consommation est bien répartie, il n’y a pas d’effet régional, à part quelques atypismes sur certains produits comme l’Ossau Iraty, plus consommé dans le Sud-Ouest.

Roquefort chez les seniors, fetas dans les familles

Le fromage au lait de brebis se porte très bien”, c’est le constat de la consultante, qui précise “le segment étant déjà en croissance en 2019, avec le Covid certains consommateurs l’ont découvert ou redécouvert. Il a ainsi su recruter de nouveaux acheteurs, qui sont restés après le déconfinement”. Les fromages non persillés tirent le rayon, avec des ventes en croissance de près de 13,7 % sur le cumul annuel mobile à la P6 (mi-juin), tandis que les persillés affichent une hausse de 4,7 %. Les ventes de Roquefort s’étaient progressivement tassées, mais la donne semble s’inverser “il y a eu une perte d’acheteurs, mais les gros sont restés et ont même développé leurs achats”, relate Lætitia Houdoyer. Ils se caractérisent par un profil plus senior puisque les plus de 65 ans représentent 36 % des acheteurs contre 28 % pour les autres fromages. Un fromage se distingue : la feta. Sur les huit premiers mois de l’année, les achats des ménages de feta et assimilés ont bondi de 10,7 %. Ce produit coche toutes les cases du moment : utilisation en tant qu’ingrédient (en salade, en sauce, en gratin), longue durée de conservation, image saine, et permettant de varier avec les autres fromages ingrédients type râpés. Son goût fait aussi l’unanimité et c’est le fromage le plus acheté par les familles avec enfants. Avec un prix moyen d’achat à 10,1 €/kg, c’est le fromage de brebis le plus accessible. Le fromage au lait de brebis bio reste de son côté confidentiel, avec seulement 3,4 % de foyers qui en achètent une fois par an au moins.

L’ultra-frais n’a pas confirmé son succès de 2018

Après avoir affiché de belles performances sur la fin de la dernière décennie, avec des croissances à deux chiffres, les ventes d’ultra-frais au lait de brebis se tassent. “Ce n’est pas lié à la crise sanitaire, on voyait déjà un repli l’année précédente”, précise Lætitia Houdoyer. En effet, en cumul annuel mobile à la P6, les ventes se repliaient de 0,7 % entre 2018 et 2019. À cette période, le rayon a été chamboulé par l’arrivée des produits de la marque Soignon, au lait de chèvre. “C’est une marque nationale, avec une grande force de frappe, face à des petites marques locales pour les produits à base de lait de brebis. Les grandes surfaces lui ont fait de la place dans les linéaires. De plus, le prix était plus bas que celui des produits au lait de brebis”, décrypte la consultante. En 2020, elles ont progressé de 2,3 %, en lien avec le premier confinement, “les achats pour la consommation à domicile ont bondi, les ménages se sont orientés vers le lait de brebis dans une envie de variété”, précise l’experte.

La baisse a ensuite repris en 2021 (-3,3 % par rapport à 2020 et – 1,1 % par rapport à 2019). Une stagnation qui peut aussi s’expliquer par le ralentissement de l’innovation. Or les acheteurs les plus jeunes arrivent souvent sur des innovations, “donc la clientèle acheteuse d’ultra-frais présente un vieillissement un peu plus fort que sur l’ensemble de la catégorie brebis, et les foyers seniors prennent de plus en plus d’importance”, remarque Lætitia Houdoyer. Un autre frein reste le manque de connaissance et d’éducation au goût, selon une étude de FranceAgriMer publiée fin 2018. Quand au bio, il s’essouffle aussi. “Ce n’est pas lié au lait de brebis, c’est le cas de l’ensemble des produits bio, qui ralentissent au global”, nuance la consultante.

Le lait de consommation de brebis reste quant à lui, un produit ultra-confidentiel. Seuls 1,3 % des foyers en achètent au moins une fois par an, en particulier des séniors aisés.

Les plus lus

Pascal Bénézit, le président de la FNB
« C’est la première fois que les prix des broutards dépassent les coûts de production », Patrick Bénézit de la FNB

La hausse des cours des broutards a permis aux prix de dépasser les coûts de revient, c’est inédit. Patrick Bénézit, le…

broutards charolais en centre de tri
Envolée des prix des broutards : « les conditions sont réunies pour que les prix restent élevés »

Les prix des broutards français atteignent des niveaux inédits, car l’offre manque pour répondre à une demande bien présente,…

Mâles bovins d'un an de race limousine au pâturage.
Broutards et jeunes bovins : les prix de marché dépassent les nouveaux prix de revient

Les prix des vaches, jeunes bovins et broutards continuent de progresser. Pour ces deux dernières catégories, ils dépassent…

un marteau géant aux couleurs du drapeau américain tape sur un conteneur aux couleurs du drapeau européen
Agroalimentaire : quelles filières françaises ont le plus à perdre des droits de douanes de Trump ?

Les États-Unis, s’ils sont les premiers exportateurs de produits agricoles et agroalimentaires dans le monde, n’en sont pas…

graphique de prix
Les prix des œufs américains dépassent 1000 €/100 kg

La grippe aviaire fait des ravages aux États-Unis avec 30 millions de poules perdues en 3 mois. De quoi créer des ruptures d’…

carcasses de bovins en abattoirs
Gros bovins : coup d’arrêt à la baisse des abattages en 2024

Les abattages de gros bovins se stabilisés en 2024, la baisse des abattages de vaches allaitantes étant compensée par la…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio