Blé : et si l'éthanol calait au démarrage ?
Un mélange d'espoir et d'inquiétude a caractérisé hier le discours d'Hervé Le Stum, directeur de l'Association générale des producteurs de blé. Evoquant les évolutions futures du marché du blé à l'occasion de la présentation du prochain congrès de l'AGPB (les 2 et 3 juin à Clermont-Ferrand), M. Le Stum a consacré une bonne part de son temps à l'éthanol, un dossier qui soulève à la fois l'optimisme et son contraire. La loi sur l'énergie, discutée actuellement au Parlement, prévoit l'application des recommandations européennes. Elles imposent notamment l'incorporation de 5,5% d'éthanol dans les carburants, contre 0,5% à ce jour. Une avancée d'importance pour les céréaliers, puisque cette mesure représente l'équivalent de 28 ou 29 Mt de céréales, un volume loin d'être négligeable. Mais les discussions actuelles avec le Mercosur pourraient tempérer cet enthousiasme, puisque la Commission européenne prévoit de lui accorder des contingents d'importation fixés à 12 M hl d'éthanol, au moment où la filière française commence tout juste à se structurer. De quoi étouffer dans l'œuf tout décollage de l'éthanol bleu blanc rouge, devant son concurrent au prix de revient bien inférieur. Pour laisser une chance à la production française, l'AGPB propose de plafonner l'incorporation d'éthanol non communautaire, qui ne verrait son volume ne croître qu'avec l'augmentation de la consommation. L'Association demande également des enveloppes de défiscalisation pour la construction d'unités de production et des exonérations de taxes, mettant dans la balance les emplois liés à un développement de la filière française. Faute de quoi le démarrage pourrait se révéler beaucoup plus difficile que prévu.