L'agriculture bio perd 54 000 hectares en France
Certes, les superficies en bio ont reculé en 2023, mais le nombre d’agriculteurs bio a progressé, selon le panorama de l’Agence Bio. Pour la première fois, la part des surfaces en bio recule en France.
Certes, les superficies en bio ont reculé en 2023, mais le nombre d’agriculteurs bio a progressé, selon le panorama de l’Agence Bio. Pour la première fois, la part des surfaces en bio recule en France.
54 000 hectares, c’est la baisse des surfaces bio en France en 2023.
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Recul des surfaces fourragères et de céréales bio
En cause, le recul des surfaces fourragères (-2 %, soit 29 000 ha de moins), qui représentent 58 % des surfaces bio en France et celui des grandes cultures (-3 % soit 24 000 ha de moins). Les légumes décrochent de 6 %. Trois exceptions notables, les surfaces toujours en herbe pour l’élevage (+46 744 ha), les vignes (+2 700 ha) et les plantes aromatiques et médicinales (+500 ha).
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71 % des pertes de surfaces sont concentrées dans 3 régions : Occitanie, Nouvelle-Aquitaine et Grand Est. Les seules zones de croissance des surfaces sont la Région PACA, la Réunion et la Guyane.
Baisse des conversions vers le bio
Les surfaces en conversion, année 1, 2 ou 3 représentent 0,3 M ha soit 11 % du total des surfaces bio. Elles sont en baisse de 30 %, hypothéquant le réservoir de croissance du bio, explique l’Agence Bio.
10,36 % des surfaces agricoles françaises étaient certifiées bio, contre 10,5 % en 2022
10,36 % des surfaces agricoles françaises étaient certifiées bio, contre 10,5 % en 2022, c’est la première fois que ce chiffre recule.
Les cheptels bio dans le rouge
Recul inédit aussi sur le cheptel de vaches laitières bio, qui après 14 ans de croissance ininterrompue affiche une baisse de 3,22 % de ses effectifs. D’ailleurs, c’est tout l’élevage qui souffre avec une baisse de 1 % des effectifs d’éleveurs bio.
Baisse de 1 % des effectifs d’éleveurs bio
Le nombre d’éleveurs recule surtout pour les porcs (-6 %), les truies (-8 %) et les poulets de chair (-8 %). Au global (têtes certifiées bio et en conversion), seules les brebis viande et les chèvres évoluent de manière positive en nombre de têtes (respectivement +3 % et +0,2 %).
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Mais le nombre de producteurs bio augmente
Malgré cette baisse du nombre d’éleveurs, le nombre total de producteurs engagés en bio continue de progresser (+2 %) à un rythme moins fort qu’en 2022 (+3,5 %), selon le bilan de l'Agence Bio. En effet, si le nombre de nouveaux producteurs a chuté (4126 producteurs, soit -14 %), les arrêts se stabilisent. 3 054 producteurs ne sont plus certifiés bio, dont 1/3 car ils sont partis en retraite. Le nombre d’arrêts ne progresse que de 3,6 % par rapport à 2022, année où il avait explosé de 39 %.
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La Fnab réclame un sursaut de développement
Réagissant à ces chiffres, la Fnab s'inquiète que la France s'éloigne de l'objectif des 18 % de SAU bio. C'est la baisse des cultures céréalières bio qui est pointée. Pour la Fnab "le choix fait de ne financer que la conversion était une erreur, ce sont bien des aides dans la durée qui permettent d’inciter au passage en bio, pas des aides très généreuses sur une période courte". C'est ce qu'explique, par communiqué, Loïc Madeline, référent professionnel PAC à la FNAB. « Clairement la cible a été manquée, non seulement les céréaliers ne passent pas en bio mais pire, plusieurs d’entre eux arrêtent. L’erreur, ça a été de supprimer l’aide au maintien et de refuser de la remplacer par un soutien sérieux sur l’écorégime en faisant croire que le consommateur assumerait seul le coût de la Bio. Toutes les tendances syndicales sont aujourd’hui d’accord là-dessus. »
4 mesures fortes pour la bio selon la Fnab
La Fnab demande ainsi à ce que toutes les aires d'alimentation des captages d'eau potable en France soient bio d'ici 2030, que l'écorégime augmente à 145 €/ha, ainsi que l'ouverture d'un programme opérationnel pour le lait bio. Enfin la Fnab considère que tous les paiements pour services environnementaux du Ministère de l'écologie doivent être fléchés vers le bio. Dans le viseur, notamment, le label HVE qui bénéficie de 140 millions d'euros par an issus du budget de la PAC.
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