Des retrouvailles de la FNO en terre ovine
Le congrès de la fédération nationale ovine s’est tenu la veille du salon Tech-Ovin à Limoges. Des retrouvailles appréciées des membres du syndicat qui ont pu évoquer les nombreuses problématiques de la production.
Le congrès de la fédération nationale ovine s’est tenu la veille du salon Tech-Ovin à Limoges. Des retrouvailles appréciées des membres du syndicat qui ont pu évoquer les nombreuses problématiques de la production.
"L'agriculture n'est pas une start-up !"
L’abandon forcé de l’ambitieux projet d’aide ovine pour la Pac 2023-2027 était au centre des discussions le 7 septembre dernier. Le syndicat national ovin tient sa première assemblée générale depuis ses deux dernières années marquées par la pandémie et l’absence de contacts humains, de moments professionnels et conviviaux. La FNO a choisi Limoges, en Haute-Vienne, comme lieu de retrouvailles et pour présenter son bilan 2020. Ce sera d’ailleurs désormais la destination privilégiée bisannuelle de son assemblée générale, qui se tiendra la veille du salon Tech-Ovin de Bellac, à 40 minutes de route au Nord de la métropole limousine.
La matinée, dédiée au huis-clos des adhérents a été tumultueuse et les échanges sont allés bon train. Prédation, brexit, marché, consommation et aide ovine, les sujets cristallisants des tensions et des interrogations ces dernières années ont été abordés. L’aide ovine en particulier a suscité beaucoup de vagues. « Notre proposition d’aide ovine à « tiroirs » allait dans le sens d’une amélioration de la productivité et de la qualité des produits de la filière ovine allaitante française, souligne Jean-Paul Rault, membre du bureau de la FNO et éleveur en Vendée. L’abandon du projet contraint et forcé a envoyé des signaux contradictoires aux producteurs. »
L’après-midi s’est ouvert sur un large débat intitulé « la filière ovine française face aux enjeux socioéconomiques et géopolitiques ». Le format de table ronde a permis aux invités d’échanger entre eux et avec la centaine de personnes présentes dans la salle. La nouvelle Pac et les négociations en cours ont été présentées par Yves Madre, directeur du Think Tank Farm Europe. Si la mouture 2023-2027 est quasiment finalisée, le lobbyiste alerte sur sa durée plus courte et l’influence qu’elle subit. L’inquiétude est partagée par Michèle Boudoin, présidente de la FNO : « les pas de temps sont de plus en plus courts, la commission veut pouvoir faire un bilan deux ans après la mise en place de la Pac. C’est beaucoup trop court lorsque l’on travaille avec le vivant. L’agriculture n’est pas une start-up ! »
Un désir de consommation plus vertueuse
Sean Dennehy, éleveur ovin irlandais et vice-président du groupe de travail ovin du Copa-Cogeca, a introduit la question du Brexit et de son impact sur la filière ovine européenne. Il a profité de l’occasion pour rappeler les objectifs du label irlandais Origin Green, qui évalue la durabilité des produits agricoles. « 90 % de nos produits d’export sont estampillés Origin Green, il y a une vraie demande du marché, souligne-t-il. De plus, les éleveurs irlandais vont recevoir une prime sur le bien-être animal, conditionné au label Origin Green. » La question des attentes des consommateurs vis-à-vis de la viande ovine a été enrichie par Flavien de Vaugelade, représentant de la fédération de la distribution et du commerce à Interbev Ovins. « Il y a une tendance de fond, mise en exergue par la crise du Covid, où les Français recherchent une consommation plus vertueuse, plus locale et plus durable. A cela s’oppose tout de même la perte de pouvoir d’achat engendrée par cette crise. »
Des acquis sociaux à défendre
Les débats, quoique sur des sujets variés, ont provoqué des réactions dans l’assemblée. Pierre Diogon, éleveur de 22 ans dans le Puy-de-Dôme, apprécie cette première assemblée générale auquel il participe : « C’était très intéressant d’avoir les données européennes et même australiennes ou néo-zélandaises, car ça permet de mieux se rendre compte de la place de la France dans le marché mondial ». C’était bien l’effet escompté par Michèle Boudoin et son équipe : « Positionner le débat sur l’Union Européenne et l’Irlande en particulier permet à tout le monde de sortir de son quotidien et d’avoir les informations à la source. L’UE, la Pac, l’aide ovine, tout le monde en entend parler sans trop savoir comment se positionner. Ce sont des acquis sociaux pour les éleveurs et nous avons le devoir de les protéger ! »
Ci-dessous le rapport d'activité 2020 de la FNO en vidéo.