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Bassine de Sainte-Soline : que retenir de la manifestation du 24 au 26 mars ?

Ce week-end, dans les Deux-Sèvres, à l’appel de La Confédération paysanne, du collectif Bassines non merci ! et des Soulèvements de la Terre plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées près du projet de réserve d’eau de Sainte-Soline, malgré l’interdiction de la Préfecture. Retour sur cet évènement.

Des milliers de personnes rassemblées près de la bassine de Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres.
Des milliers de personnes rassemblées près de la bassine de Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres.
© Les Soulèvements de la Terre

Affrontements violents entre forces de l’ordre et manifestants

La manifestation organisée par La Confédération paysanne, le collectif Bassines non merci ! et Les Soulèvements de la Terre du 24 au 26 mars 2023 à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres, malgré l’interdiction de la Préfecture, a rapidement tourné aux affrontements. Avec un bilan encore difficile à établir. Un manifestant de 30 ans serait entre la vie et la mort, selon l’AFP. Le parquet de Niort a ouvert une enquête spécifique sur les circonstances dans lesquelles trois manifestants au total, dont une femme de 19 ans et un autre homme de 27 ans, ont été grièvement blessés. D'autres enquêtes ont été ouvertes sur les faits, notamment pour « organisation de manifestation interdite », « violences sur militaires » et « destruction de biens ». 

Selon un bilan actualisé par le parquet à 18H00 le 26 mars, deux gendarmes blessés grièvement « sont désormais en urgence relative ». Au total, 47 militaires et sept manifestants ont été pris en charge par les secours. Les organisateurs font pour leur part état d'un bilan beaucoup plus lourd : 200 manifestants blessés, dont 40 graves. Celui du parquet ne porte que sur les blessés officiellement secourus, ce qui peut expliquerait l'écart entre les chiffres. 


Des milliers de manifestants et de forces de l’ordre

Plus de 3 000 forces de l'ordre ont été mobilisées autour du chantier de la réserve d’eau de Sainte-Soline. Selon les autorités, la manifestation a réuni quelque 6 000 manifestants, dont un millier d'activistes radicaux, une information dénoncée par les organisateurs, qui parlent de 30 000 personnes et nient la présence d’individus radicalisés. Selon les Soulèvements de la Terre, 10 000 personnes étaient déjà regroupées samedi matin « sur le campement » et « des milliers de personnes sont arrivées tout au long de la matinée ».


Quelles destructions ?

Les Soulèvements de la Terre revendique « le désarmement collectif d’une pompe de chantier » ainsi que de « plusieurs canalisations démontées et mises hors d’état de nuire ». Et d’affirmer de se targuer en parallèle d’avoir planté plus de 300 mètres de haies, « moyen majeur pour retenir l’eau dans les sols ».

De leurs côtés, la FDSEA 79 et les JA 79 affirment dans un communiqué que « les manifestants ont détruit ce week-end notamment l’outil de travail d’un jeune agriculteur en polyculture élevage et piétiné et détruit plusieurs hectares de culture des agriculteurs de ce secteur ».

 

Fortes tensions entre la FNSEA et la Confédération paysanne

La FDSEA 79 et JA 79 s’en sont rapidement pris sur les réseaux sociaux « aux violences et dégradations de la Confédération Paysanne ». Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, écrivait dès le 25 mars sur twitter : « les 3 organisations devront répondre des actes violents et haineux qu’ils ont suscités ».

Suite à un tweet de Marine Tondelier, la secrétaire générale d’EELV, nombre d’agriculteurs se sont offusqués sur le réseau social de voir les tracteurs d’agriculteurs de la Confédération paysanne « traverser des parcelles cultivées » par d’autres agriculteurs.

La Confédération paysanne, elle, se défend en retour affirmant agir « pour la défense et le partage de l’eau et contre son accaparement ».

Marc Fesneau défend un projet vertueux

Omniprésent dans les médias ce week-end, le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Marc Fesneau a défendu la réserve de Sainte-Soline qu’il définit comme « projet vertueux ». « L'objectif est de passer de 21 millions de mètres cube prélevés en été à 6 millions de mètres cube », a ainsi résumé le ministre. Le projet « va permettre qu'il y ait plus d'eau en été dans les nappes ».

Et d’affirmer dans le journal Sud-Ouest que « dès lors qu’on a des projets légaux et vertueux, il n’y a aucune raison de les entraver ».

 

Et sur le fond ? Des hydrologues contre les réserves

Plusieurs hydrologues ont exprimé des réserves voire de vives critiques contre ces retenues d’eau, c’est le cas notamment de Charlène Descollonges, Emma Haziza ou encore Christian Amblard, selon qui l’eau doit rester le plus possible dans les nappes, été comme hiver, et les meilleurs réservoirs étant les zones humides et les bocages.


La Coop de l’eau met en avant le témoignage d’éleveurs

De son côté la Coop de l’eau gérée par 450 agriculteurs qui porte le projet de Sainte Soline qui devrait bénéficier à 24 agriculteurs tente de calmer le jeu en mettant en avant dans plusieurs vidéos, des agriculteurs et notamment des éleveurs à la tête de petites exploitations, loin du cliché de l’agrobusiness, qui expliquent ce qu’ils attendent des projets de réserves en eau.

 

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