Accord UE-Mercosur : quels impacts sur l'agriculture française ?
La FNSEA demande l’arrêt total des négociations avec le Mercosur, pour les raisons suivantes.
La FNSEA demande l’arrêt total des négociations avec le Mercosur, pour les raisons suivantes.
À la veille du G20, qui se tiendra les 18 et 19 novembre à Rio de Janeiro, et durant lequel l'accord de libre-échange entre l'Union européenne (UE) et les États membres du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) pourrait être signé, le syndicat agricole majoritaire (la FNSEA) réclame l’arrêt total des négociations.
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Mercosur : le veto de la France suffirait
Nous demandons au chef de l'État de mettre son véto »
C'est ce que déclarait Patrick Bénézit, vice-président de la FNSEA, lors d'une interview diffusée dans nos titres de la semaine 44 (28 octobre au 3 novembre 2024). En effet, pour que l'accord soit ratifié et entre pleinement en vigueur, il nécessite l'aval de tous les États membres. En pratique, un seul pays peut donc bloquer la ratification complète de l'accord.
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Que représentent les volumes d’exportation annoncés ?
Dans une campagne de sensibilisation diffusée sur les réseaux sociaux (voir les visuels ci-contre), la FNSEA compare les volumes des futures denrées importées en Europe à celles produites en France et en Europe.
- 99 000 tonnes de viande bovine équivaudraient à 8 % des meilleurs morceaux consommés en Europe ;
- 45 000 tonnes de miel importées du Mercosur représenteraient 1,5 fois la production de la France ;
- 180 000 tonnes de sucre seraient équivalentes à 4,5 % de la production française ;
- 8,2 Mhl de biocarburants représenteraient 50 % de la production de l'Hexagone.
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Risque de non-respect des normes européennes
Au-delà de l'impact que l'importation de tels volumes aurait sur les productions et marchés européens, le syndicat agricole alerte sur le risque de non-respect des normes de production européennes : utilisation d'antibiotiques activateurs de croissance (viandes bovines), absence de traçabilité, usage de substances actives phytosanitaires – interdites en France depuis 20 ans pour certaines –, normes de travail non respectées…
Le syndicat s'inquiète également du mutisme de la Commission européenne concernant la mise en œuvre de contrôles ou sanctions cohérents avec la promotion du développement durable et l'accord de Paris sur le climat. Enfin, la FNSEA dénonce des imprécisions concernant les demandes qui seraient imposées aux pays tiers (hors UE) dans le cadre du règlement relatif à la "déforestation importée".
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Les positions de la FNSEA
Pour la FNSEA, ce projet d’accord « offre des concessions majeures en termes de volumes de contingents, alors même qu’aucune mesure de réciprocité concernant les conditions de production n’est incluse », et menace simultanément la « souveraineté alimentaire » et les « économies » européennes, ainsi que la « santé du consommateur ». Elle réclame la « négociation de clauses de sauvegarde plus efficaces » et la mise en place de « clauses miroirs effectives » ainsi que d'outils « pour les contrôler de manière stricte ». Le syndicat demande également à ce que le volet commercial de l'accord ne fasse pas « l'objet d'une application provisoire » avant sa ratification par l'ensemble des États membres, et considère comme inacceptable le fait que la Commission européenne envisage la création d'un fonds d'indemnisation des agriculteurs, « pour vaincre les réticences de certains États membres ».