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Photographie, le quotidien mis en scène

Le jeune photographe cantalien, Dorian Loubière, poursuit sa série de mises en scène des années 1950. Dernière prise de vue, un incendie préparé et immortalisé à Pierrefort.

Un groupe de personnes au milieu de véhicules de pompiers.
Dorian Loubière, à droite avec tous les figurants de ce nouveau projet préparé à Pierrefort.
© B.Parret

Les fumigènes fonctionnent et donnent l’illusion que la maison est en feu. La fumée s’échappe des fenêtres de l’étage. Pour renforcer l’effet à chaque prise de vue, les flashs placés à l’intérieur de l’habitation sont censés se substituer aux flammes. Voilà pour les effets spéciaux. Pour les figurants, tous amateurs et volontaires pour 
l’occasion, il s’agit de composer la scène d’une intervention des pompiers sur cet incendie fictif. Il faut se placer, ne pas regarder l’objectif et ne pas paraître trop figés. Ils sont invités à forcer le geste sans trop exagérer pour “créer” du mouvement. Les véhicules de secours sont en place, un fourgon-pompe Galion Renault et deux HY Citroën des années 1960. Tout le monde est en tenue d’époque. La maison est en feu, une femme crie à la fenêtre, un pompier grimpe sur la grande échelle pour lui venir en aide, ses collègues disposent le matériel de lutte contre les flammes, deux enfants accourent médusés par le  “spectacle”. Attention... c’est dans la boîte ! Pour une seule image, signée Dorian Loubière. 


Travail de mise en scène


Le jeune photographe cantalien, 28 ans et originaire de Montsalvy, se lance régulièrement dans ce type de projet de reconstitution pour en capter l’image et les couleurs. Il a déjà mis en scène une famille avec des enfants accaparés par des jouets en bois Dejoux “made in Cantal”, la pharmacie de Salers, le cinéma de Figeac ou encore la boulangerie de La Roquebrou, la route nationale 122 au tunnel du Lioran. Cela a donné lieu à une première exposition, en 2022 au théâtre d’Aurillac
Chaque projet a aussi fait l’objet d’un making of  à retrouver sur le site du photographe(1). Le proces- sus est chaque fois le même pour  recréer l’ambiance des années 1950. “J’aime cette époque que nous connaissons principalement à travers des photos noir et blanc mais qui débordait de couleurs quelques années après la guerre et de départ des Trente glorieuses”, donne pour explication Dorian Loubière. Les véhicules sont fournis par des collectionneurs, les vêtements bien souvent par Emmaüs Aurillac. Pour la scène de l’incendie photographiée à 
Pierrefort, il a été fait appel à l’association des Vieux camions rouges pour les véhicules et les tenues, bottes, casques et vestes de cuir. “Nous nous sommes rencontrés l’an dernier à Murat Mécanique Rétro”, explique Dorian Loubière. Comme à chaque fois, la mise en scène relève de l’écriture d’un véritable scénario avec 
repérage des lieux, ici, une maison du centre pierrefortais mise à disposition par son propriétaire, puis croquis pour positionner les véhicules et les personnages. Le jour J, ce jour-là sous une pluie battante, la mise en place prend plus d’une heure afin de tout caler et obtenir le résultat escompté. La municipalité a permis de boucler le quartier. À la scène générale qui semble convenir au photographe, suit une série où chaque élément est photographié séparément pour renforcer la lumière et la chaleur des couleurs. 


Une seule photo


Ainsi, la photo finale combine la juxtaposition des différentes séquences. L’outil informatique finalisera les petites retouches pour éliminer les marquages au sol,  comme un panneau de signalisation, jugé un peu trop contemporain. Après plusieurs heures passées au travail de finition, l’incendie de Pierrefort ira rejoindre la collection de Dorian Loubière débutée il y a trois ans. Deux propositions d’exposition, l’une à Toulouse et l’autre à Paris, permettront d’admirer la série dans les mois à venir. Cette mise en scène n’est pas pour déplaire aux figurants et à une poignée de spectateurs peu habitués à un tel déploiement pour la prise d’une photo. Malgré la pluie, Dominique Delcher, président des Vieux camions rouges, s’en amuse. Les membres de l’association ont l’habitude de sortir quelques-uns de la trentaine de véhicules restaurés par leurs soins sur différentes manifestations. Ils n’ont pas eu de mal à proposer des engins correspondants à la période souhaitée. Ni même pour sortir du vestiaire les tenues complètes qui vont avec. Dorian Loubière est toujours en recherche de sites pour poursuivre ce travail, toujours dans l’univers des années 1950-60. Dans le Cantal de préférence mettant en lumière, un métier, un lieu, des scènes de la vie quotidienne. Et de résumer ce travail en une phrase : “Le temps nous échappe, la photo l’immortalise, alors j’aime ce voyage dans le temps.” (1) dorianloubière.com

 

 

Dans l'objectif de Dorian Loubière

Fils d’agriculteur, Dorian Loubière aurait pu suivre le destin familial depuis cinq générations à la tête de l’exploitation de la Châtaigneraie cantalienne. “Mon père m’a laissé le choix”, reconnaît-il. Et malgré les conseils d’orientation à ne pas suivre cette voie sans avenir, il n’a pas baissé les bras pour forcer le destin et devenir photographe professionnel. Tout jeune, il faisait suivre en permanence un appareil jetable. À Toulouse, il a obtenu sa licence professionnelle, en ayant appris aussi bien la prise de vue que le développement et le travail numérique. “Je vais beaucoup dans les expositions rencontrer les artistes photographes”, confie-t-il. Installé un temps dans le Cantal, il a aussi beaucoup puisé dans ses échanges avec Pierre Soissons et Thierry Ols. 
Au contact du cinéma
Dorian Loubière est aujourd’hui installé à son compte à Paris. Il travaille avec de nombreux humoristes pour des photos “plateau” qui 
illustreront les affiches de spectacle. Il souhaite travailler comme photographe de cinéma. Il faut pour cela “un peu de patience”. Dans ses reconstitutions inspirées des années 1950, 
il aime le travail de mise en scène comme au cinéma. Dans le rendu, on peut y voir les 
peintures d’Edward Hopper, tandis qu’il cite volontiers comme source d’inspiration techniques Erik Johansson et Grégory Crawdson. Chaque photo de ce dernier mettant en scène 
le Midwest américain nécessite des budgets hollywoodiens. Dorian Loubière se contente de bénévoles et d’une grosse dose de motivation pour ses créations originales. 

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