Le Maroc à la conquête de l'or bleu
Depuis 2008, le Maroc a fait de l'agriculture un pilier de son développement économique avec un chantier prioritaire celui de l'accès à l'eau.
Depuis 2008, le Maroc a fait de l'agriculture un pilier de son développement économique avec un chantier prioritaire celui de l'accès à l'eau.
Le Maroc en proie à une sécheresse sévère depuis sept ans, mais un mois de mars 2025 exceptionnellement arrosé
Sur la carte, géographiquement avec l'influence notamment de l'océan Atlantique et de reliefs montagneux, le Maroc est le pays qui dispose des conditions bioclimatiques les plus clémentes des pays du Maghreb. En théorie… car depuis plusieurs décennies, la sécheresse fait rage. Le réchauffement climatique est une réalité avec laquelle les agriculteurs marocains semblent composer depuis des lustres.

" Depuis l'indépendance du Maroc en 1956*, l'eau a été au centre des préoccupations. La politique de construction de barrages s'est accélérée dès 1969 pour assurer la sécurité alimentaire et le développement économique du pays", explique Haffsa Mouhib, cheffe de service à la direction de l'irrigation et de l'aménagement de l'espace agricole du ministère de l'Agriculture.
Le déploiement du plan Maroc Vert de 2008 à 2020 a conduit à irriguer 16 % de la surface agricole utile, contribuant à générer 40 % de la valeur ajoutée agricole. Une prouesse rendue possible par la concomitance de deux actions : l'augmentation de l'offre hydrique et l'amélioration de l'efficacité hydrique.
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Irrigation : Optimiser chaque goutte d'eau
Le Maroc dispose actuellement de 154 barrages collectant 21 milliards de m3 d'eau. "D'ici 2030, par la construction de nouveaux barrages, notamment dans le nord du pays, nous souhaitons récupérer 6 milliards de m3 supplémentaires ", précise Haffsa Mouhib. Des opérations d'interconnexion, la fameuse autoroute de l'eau, se mettent aussi en place pour organiser la solidarité entre les différents bassins. Enfin, pour assurer l'alimentation en eau potable des villes côtières, le Maroc ambitionne d'ici 2030 de dessaler 1,7 milliard de m3 en créant des méga-stations du nord jusqu'au sud.
"Nous avons aussi un fort enjeu autour de l'efficacité hydrique en passant d'une irrigation gravitaire à une irrigation localisée. D'ici 2030, c'est un million d'hectares qui devraient bénéficier de cette technologie plus économe en eau, mais tout aussi efficace pour la croissance des cultures, soit près de 200 000 hectares de plus qu'actuellement ", indique Yassmina Kabdi, cheffe de service planification et suivi des ressources hydro-agricoles au ministère de l'Agriculture.
* Jusqu'en 1956, le Maroc était sous le régime du protectorat français depuis la mise en place du traité de Fès le 30 mars 1912.