Oeufs
Broyage des poussins : là où L214 et Hugo Clément se trompent
L’association dénonciatrice des souffrances animales en élevage L214 crie à la trahison du gouvernement ; elle estime que les poussins mâles de la filière ponte vont continuer d’être broyés en masse. Le journaliste de France 5 Hugo Clément a exploité cette information sur France Inter.
L’association dénonciatrice des souffrances animales en élevage L214 crie à la trahison du gouvernement ; elle estime que les poussins mâles de la filière ponte vont continuer d’être broyés en masse. Le journaliste de France 5 Hugo Clément a exploité cette information sur France Inter.
L214, dans un communiqué diffusé les 5 et 6 décembre, se scandalise des dérogations à la mise à mort des poussins mâles qui « rendent caduque » selon elle l’interdiction de mise à mort de ces poussins de la filière ponte à compter du 1er janvier 2023. Ce sont en particulier 2 dérogations.
- La première dérogation dénoncée par L214 concerne la filière des œufs destinés à être transformés en ovoproduits. Le communiqué contient une erreur d’appréciation du nombre de poussins mâles concernés. Ce ne sont pas environ 25 millions, soit à peu près autant que de poulettes destinées à pondre des œufs de consommation, mais beaucoup moins. En effet, les œufs destinés à la transformation sont pondus par des poules en fin de carrière pour l’œuf coquille ; elles seront donc issues d’ovosexage, comme le veut la nouvelle loi. Certains des œufs à transformer, de couleur blanche, sont pondus par des poules blanches. Celles-ci pourront être issues d’un sexage (le tri) après éclosion, supposant donc la mise à mort des poussins mâles. Leur effectif réduit le nombre de poussins concernés par la dérogation à moins de 10 millions – 7,5 M selon une estimation de 2021.
- La seconde dérogation de mise à mort concerne les poussins destinés à l’alimentation animale. Selon L214, ce « débouché infini » sous forme de croquettes ou d’aliments humides rend caduque l’interdiction de mise à mort. Or, d’après l’interprofession de l’œuf, le CNPO, l’effectif se limiterait aux poules blanches, pour les besoins des zoos ou autres animaleries, et non pour l’alimentation des carnivores domestiques. Les poussins seraient congelés, mais non broyés, à cet effet. Dans le podcast En toute subjectivité sur France Inter, ce 7 décembre, le présentateur de Surlefront sur France 5 évoque des débouchés "tellement importants" de l'alimentation animale que des millions de poussins pourraient continuer d'être broyés ou gazés.
Enfin L214 met l’accent sur la persistance du « broyage » ou du « gazage » des poussins mâles. D’après un décret du 5 février 2022, les méthodes autorisées de mise à mort des poussins devront faire l’objet d’un arrêté. La méthode à déployer, selon le CNPO, est l'asphyxie au CO2.
Des informations reprises par le journaliste-militant Hugo Clément ce jour sur France inter.
Chaque année en France, plus de 50 millions de poussins sont jetés vivants dans des broyeuses...
— France Inter (@franceinter) December 7, 2022
Dans #le7930inter, @hugoclement est revenu sur une promesse du gouvernement : l’interdiction de broyer les poussins mâles, considérés comme des déchets par l’industrie de l’œuf. pic.twitter.com/L7k9KYsgyp
Les professionnels de l'œuf réagissent
Le CNPO a réagi à la communication de L214, par un communiqué intitulé « Stop à la désinformation des associations animalistes ». « Les militants extrémistes (visant L214, NDLR) prétendent que 50 % des œufs français ne seront pas concernés par l’ovosexage, ce qui est totalement erroné », rectifie le communiqué de l’interprofession diffusé en milieu de journée. Il y est rappelé que les professionnels sont d’ores et déjà prêts à mettre en œuvre l’ovosexage sur les souches de poules brunes, « qui représentent 85 % de leur cheptel », précise ce communiqué.
Quant aux autres, sur lesquelles il ne sera pas encore pratiqué, le CNPO déclare souhaiter « poursuivre ses travaux sereinement afin de trouver les technologies adaptées à l’ovosexage des souches non brunes, qui représentent le reste de ses effectifs, soit environ 15 % des poules en France ».