Vignes, fruits, betteraves anéantis par le gel : des agriculteurs témoignent
La gorge nouée, émus, des vignerons, arboriculteurs et betteraviers témoignent sur les réseaux sociaux des dégâts considérables engendrés par le gel des derniers jours après les fortes chaleurs du mois de mars.
La gorge nouée, émus, des vignerons, arboriculteurs et betteraviers témoignent sur les réseaux sociaux des dégâts considérables engendrés par le gel des derniers jours après les fortes chaleurs du mois de mars.
« C’est jamais arrivé ! Je n’aurais jamais cru que ça arriverait, c’est terrible ! ». En larme, Emilie Faucheron, viticultrice à Montady dans l’Hérault, sur 60 hectares de vigne en bio montre les dégâts du gel. La vidéo postée sur youtube le 8 avril est vite devenue virale, comme un symbole de l’épisode catastrophique que viennent de vivre des milliers d’agriculteurs. « On savait qu’on pouvait avoir un épisode de gel. Mais on ne pouvait pas imaginer que ça pourrait descendre à -6°C […] En 2017 un épisode de gel avait touché 5 hectares, là en fait je pense que 80% de la propriété a gelé », confie-t-elle avant de montrer des pieds de vigne de merlot morts.
Comme elle, de nombreux viticulteurs témoignent sur les réseaux sociaux de leur détresse suite au fort gel intervenu après une période de chaleur inhabituelle qui a fait éclore les bourgeons. « Chers clients, suite au gel de cette nuit, c’est avec une grande tristesse que nous vous annonçons la perte d’une énorme partie de notre future récolte. 80% voire 100% de nos vignes n’ont pas résisté aux températures, du jamais vu selon les anciens », écrit le Domaine Fontchêne, vignoble en biodynamie dans les Alpilles, sur sa page Facebook. Ou encore Sébastien Duffrene, viticulteur dans les Côtes du Rhône, qui montre, très ému, sur youtube « un an de boulot réduit à néant ».
« S’il est encore trop tôt pour connaître avec précision l’étendue des dégâts, 80% du vignoble de nos régions est aujourd’hui affecté », selon Jean-Marie Barillère, Président du Comité National des Interprofessions des Vins à appellation d'origine et à indication géographique (CNIV). Les températures sont descendues jusqu’à -7°C par endroit et de nouveaux épisodes de gel sont à craindre dans les jours à venir, souligne le comité.
❄️‼️ CATASTROPHE
— Matthieu Brun (@MatthieuBrun3) April 9, 2021
-4° ds la vallée de @La_drome mercredi. Malgré les bougies et les efforts des agriculteurs il a gelé trop longtemps.
Abricots, kiwis, pommes, cerises, vignes etc. sont perdus.
Beaucoup se demandent s'ils se relèveront de cet épisode. #onvousnourrit pic.twitter.com/A9rQBin9KR
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Côté arboriculture, les dégâts sont aussi considérables. Les jeunes agriculteurs d’Ardèche parlent de dégâts considérés par les agriculteurs « comme pires que ceux de 2003 », pouvant « affecter jusqu’à 100% des futures récoltes ». Dans la Drôme, les pertes seraient très importantes sur les pêchers et arboriculteurs. Interrogé ce matin sur BFMTV, Julien Denormandie a reconnu que les fruits français allaient être plus rares sur les étals cette année.
Le bilan est encore difficile à établir mais selon la FNSEA « dans de nombreuses régions, du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest les dégâts sont impressionnants chez les viticulteurs et chez les arboriculteurs. »
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Le Modef affirme pour sa part que « les deux premiers épisodes de gel de ce printemps sont très dévastateurs pour la viticulture, l’arboriculture mais aussi les fruits et légumes sous abris non chauffés et plein champ ». « Dans certains secteur, 70 à 90% du vignoble va être détruit et brûlé par le gel », anticipe le syndicat qui appel à une « évaluation rapide des dégâts dans les régions concernées ».
La détresse est grande aussi dans le monde des grandes cultures
« La détresse est grande aussi dans le monde des grandes cultures! Les impacts sur le colza, en pleine floraison, sont dramatiques, comme sur les semis de betteraves : de très nombreux planteurs vont devoir ressemer plus de la moitié de leur surface », affirme le syndicat majoritaire agricole.
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Jean-Marc Leluc, agriculture dans le Nord Loiret, confie sur twitter n’avoir jamais vu une telle intensité de dégâts de gel sur les betteraves en 44 ans de carrière. « Pratiquement, tout est à resemer (et à repayer) car toutes les plantes noircissent et se flétrissent », se désole-t-il.
#gelees Nord #Loiret -
— Leluc Jean-Marc (@jmleluc) April 6, 2021
En 44 ans de carrière, je n’ai jamais vu une telle intensité de dégâts de gel sur #betteraves ❗️
Pratiquement, tout est à resemer (et à repayer) car toutes les plantes noircissent et se flétrissent.
Qu’en pense @ITB_CVLetIDF ? pic.twitter.com/2jRah50wdt
A noter que face à ce gel intense, le groupe coopératif Cristal Union a annoncé hier sur twitter qu’il fournirait gratuitement les semences de betteraves nécessaires à ses planteurs impactés par la situation climatique. Citant Ghislain Malatesta, responsable du département expérimentation et expertises régionales de l’Institut technique de la betterave (ITB), Le Betteravier estime que 20 000 à 30 000 hectares de betteraves pourraient être détruits, soit 7 à 8% de la surface betteravière française !
Episode de #gel intense #semis : Cristal Union fournira gratuitement les semences de #betteraves nécessaires à ses planteurs impactés par la situation climatique.
— Cristal Union (@Cristal_Union) April 8, 2021
Une mesure forte de #solidarité dans la droite ligne de nos valeurs coopératives.
Interrogé sur BFMTV ce matin, Julien Denormandie a déclaré que des centaines de milliers d’hectares avaient été endommagés par le gel en France. Il réunissait à 8h les organisations professionnelles agricoles pour leur annoncer qu’il allait mobiliser l’état (à travers l’ouverture des calamités agricoles pour les arboriculteurs notamment et la mise en place de dispositifs fiscaux pour les viticulteurs) ainsi que les assureurs et les banquiers pour aider les agriculteurs en difficultés dans leur trésorerie.